Ils sont 254 candidats sur qui compte le président du RHDP, Alassane Ouattara, pour avoir le contrôle de l’Assemblée nationale au soir du 6 mars, jour des élections législatives. C’est le chef de l’État en personne qui, mardi 16 février, a présidé la cérémonie d’investiture de ces candidats. Ces derniers, dans beaucoup de circonscriptions électorales, affronteront des indépendants dont la plupart sont issus du parti au pouvoir.
Comme à Doropo où le Sénateur RHDP Noufé Sansan a décidé de se dresser contre le député sortant Kambiré Sansan (candidat officiel du parti), la candidature de Mohamed Ouattara (indépendant) face à Kouassi Kra Paulin (candidat RHDP) relève tout autant du paradoxe, à Sorobango-Tagadi. À moins qu’ici et à Doropo, ce ne soit une rivalité entre cadres d’une même localité, où l’un ne veut faire cadeau à l’autre. Chacun voulant se saisir des élections pour montrer sa force ou pour prendre de l’ascendance sur l’autre. C’est pourquoi une main pourrait se cacher derrière ces candidatures indépendantes dans le seul but de régler ses comptes à des indésirables. C’est-à-dire des « ennemis » qu’on ne veut pas voir siéger au Parlement. Des choix inopportuns suscités par des personnes tapies dans l’ombre, en opposition à la discipline de leur parti politique. Quitte à lui faire perdre de précieux sièges, pourvu que l’ennemi soit également perdant. « C’est de la sorcellerie politique », coupe court un militant du parti présidentiel résidant à Bondoukou.
Qui est donc la personne invisible qui soutiendrait Mohamed Ouattara contre le député sortant Kra Paulin, à Sorobango-Tagadi ? Les supputations vont bon train. Mais le candidat indépendant n’est pas un anonyme. Il a été ancien député de la circonscription. Élu en 2011, Mohamed Ouattara n’a pas pu conserver son siège lors des Législatives de 2016, alors qu’il était chapeauté par le RHDP. Il a été battu par l’indépendant Kouassi Koffi Kra Paulin avec 27,48% des voix contre 15,92%. Une défaite cinglante pour un élu sortant qui s’était présenté au scrutin avec les faveurs du pouvoir.
En qualité de coordonnateur associé du parti présidentiel dans son fief de Sorobango-Tagadi, l’ancien parlementaire est également un des vice-présidents du Conseil régional de Gontougo dont le président élu n’est autre que le porte-parole national du RHDP, le ministre Kobenan Adjoumani. Lorsque ce dernier crée son mouvement « Sur les traces Houphouët-Boigny », Mohamed Ouattara en devient le délégué local. À chacun de juger pourquoi, en décidant d’aller contre la discipline de son parti, il est resté serein et imperturbable.
Est-on dans un double jeu ? Joint au téléphone pour avoir son avis sur la question, Kra Paulin refuse de donner crédit à ce qu’il considère comme des bruits de couloir. Le candidat officiel du RHDP s’en tient au choix porté sur sa personne pour défendre les couleurs du parti à l’élection. « J’ai déjà été investi par le président Alassane Ouattara. C’est ce qui importe. Le reste ne m’intéresse pas », a-t-il tranché. Le jeu semble néanmoins bien trouble.
Alassane Ouattara qui, en marge du Conseil des ministres du 3 février dernier, aurait menacé de représailles les candidats indépendants qui occupent de hautes fonctions dans l’administration publique, sait-il qu’il existe un tel imbroglio dans des régions ? L’après-scrutin législatif nous le dira.
OSSÈNE OUATTARA