Hier jeudi 3 janvier, des heurts ont opposé les populations de Boedem – un village situé à quelques encablures de Bondoukou (après Kouassi-N’Dawa) – avec les agents de Taurian, la multinationale indienne qui exploite les mines de manganèse du Zanzan. Les échauffourées s’expliqueraient par le fait que le cahier des charges dans lequel devait figurer les projets à réaliser au profit des riverains est en attente d’élaboration depuis 5 ans.
Excédées par la longue attente, les populations ont pris « leurs responsabilités ». Elles ont bloqué l’accès du site d’exploitation aux employés de la société. Contraignant ainsi Taurian à arrêter ses travaux d’extraction. Ce, jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. « Alors que la société Taurian a un permis d’exploitation délivré par l’Etat de Côte d’Ivoire, le cahier des charges qui devait accompagner l’exploitation du minerai n’est pas encore mis en œuvre. Or, l’entreprise est en activité continue sur nos sites depuis 5 années. C’est pourquoi les populations ont décidé de prendre leurs responsabilités afin d’interpeller l’Etat sur les graves violations de leurs droits », a rappelé Kobenan Kra Michel, porte-parole des 7 villages concernés.
Voulant se rendre coûte que coûte sur leur lieu de travail, 11 employés de nationalité indienne sont séquestrés par des manifestants. Puis brutalisés. Des jets de pierres ont légèrement blessé 3 d’entre eux. Tous ont finalement été exfiltrés par un détachement de gendarmes.
Selon Victor Atta, président de l’ONG Vert universel, « l’extraction minière dans le Zanzan n’est pas suivie d’une étude sérieuse sur l’impact environnemental. Une évaluation de l’Agence nationale de développement de l’environnement (ANDE) s’impose afin de donner de nouvelles directives ». Il faut dire que des plantations sont détruites. Les sols arables se sont appauvris du fait de l’exploitation du manganèse.
En outre, le respect du barème d’indemnisation conformément au code minier est sujet à caution. S’ajoutent les projets sociaux annoncés, qui peinent à voir le jour. Les riverains souffrent des émanations de gaz toxiques et des bruits d’engins. En ces temps d’harmattan, des épidémies de fièvre typhoïde et de méningite sont à craindre, à cause de la poussière.
ROSEMONDE DESUZA
Je souhaite entrer en contact avec KOBENAN KRA Michel pour plus d’information sur cette affaire.