Search
mardi 13 mai 2025
  • :
  • :

BONDOUKOU : Face à l’exportation illicite de l’anacarde, des acheteurs menacent !

Trafic d'anacarde en 2013 à Bouna, sur les rives de la Volta noire

Trafic d’anacarde à Bouna, sur les rives de la Volta noire. Des sacs attendant d’aller clandestinement au Ghana

Aux Journées nationales des exportateurs de cajou de Côte d’Ivoire tenues les 24 et 25 février, à l’hôtel Radisson Blu à Abidjan, le directeur du Conseil du coton et de l’anacarde (CCA) a minimisé l’ampleur de l’exportation illicite des noix de cajou vers les pays voisins par les voies terrestres. « Le phénomène, qui n’est pas nouveau, n’a pas connu une amplification telle que les médias en font état en ce moment », a indiqué Adama Coulibaly. Le relativisme du patron de l’organe de régulation de la filière prend le contre-pied du secrétaire général de la Fédération nationale des acheteurs d’anacarde et des coopératives de cajou de Côte d’Ivoire (FNACACI). En effet, Abdoulaye Sanogo avait dénoncé, vendredi 17 février, la fuite d’une grande quantité du produit avant l’ouverture officielle de la traite 2017.

Ce mardi 28 février, à Bondoukou, les acheteurs de la région de Gontougo sont montés au créneau. Au cours d’une réunion initiée par le bureau régional du Conseil du coton et de l’anacarde, ils ont fustigé la fuite à grande échelle de l’anacarde par la frontière Est : d’Agnibilékrou à Bondoukou. Des dizaines de camions franchissent la frontière pour vendre leurs chargements au Ghana. Ce pays limitrophe est ravitaillé à partir de « ports secs » illicitement installés à Transua, Assuéfry, Tanda, Méré, Pinda-Boroko, Bohi, Sorobango. Dans ces localités ivoiriennes situées le long de la frontière, nul ne peut affirmer ignorer l’existence de points de groupage des noix de cajou avant leur acheminement dans le pays voisin.

Se considérant victimes du « laxisme tacite » de la Direction générale du CCA, des opérateurs de la filière n’ont pas caché leur déception. « J’ai l’impression que l’État n’existe pas à Bondoukou. Les autorités ne veulent pas prendre la décision de fermer la frontière pour empêcher la fuite du produit », s’est plaint Ayé Alain. L’acheteur a du mal à contenir sa colère. « Si le trafic est légalisé, alors qu’on permette à tous les opérateurs économiques d’envoyer leurs produits au Ghana. Si cela n’est pas le cas, qu’on procède à la fermeture des frontières ! », a-t-il préconisé.

La préfecture a promis mettre tout en œuvre pour garantir le succès de la traite du cajou

La préfecture a promis mettre tout en œuvre pour garantir le succès de la traite 2017 du cajou

Participant à cette rencontre, le député Maïzan Koffi a relevé l’importance de l’anacarde dans l’économie locale. « C’est la vente de ce produit qui permet les investissements locaux. Il est dans notre intérêt d’amener les populations à évacuer leurs produits vers les ports nationaux. La fuite de nos produits agricoles vers les autres pays est une importante perte pour l’État et pour le développement local ». Et le parlementaire de rassurer : « de bonnes propositions ont été faites. Les forces de l’ordre ont un rôle important à jouer dans la sécurisation des frontières pour empêcher la fuite de notre principal produit de rente ». L’autorité préfectorale a promis mettre tout en œuvre pour garantir le succès de la traite.

La tentation de traverser la frontière pour vendre ses noix de cajou est grande. Selon nos informations, au Ghana, le kilogramme se vend entre 850 et 900 francs CFA. Soit le double des montants pratiqués en Côte d’Ivoire. À ce prix, on se pourlèche les babines. Et tous les risques sont bons à prendre. Les trafiquants ont été actifs dans ce mois de février. Samedi 11, à Assuéfry, les forces de l’ordre ont saisi 20 tonnes d’anacarde qui partaient au Ghana. À Transua, les gendarmes ont mis la main sur 5 tonnes, dans la nuit du 15. Vendredi 17, plus de 5 tonnes ont été saisies sur l’axe Méré-Boudi. Dans la soirée du jeudi 16, saisie à Doropo de 6 tonnes d’anacarde en partance pour le Burkina Faso. Ces interceptions contredisent les propos du premier responsable de la filière. Dans la région Nord-Est, la campagne 2017 se déroule avec un air « de déjà vu ».

Ce camion rempli de sacs d'anacarde en partance vers le Ghana a été saisi par les Douanes, début février

Ce camion chargé d’anacarde en partance au Ghana a été saisi par les Douanes

Pour le moment, la rencontre du jeudi 23 février entre Bamba Sory (délégué régional du CCA) et les chefs de commandement des forces de sécurité de Bondoukou n’a pas eu de résultats escomptés. Le trafic des noix de cajou continue dans le Gontougo, une des grandes zones de production de la Côte d’Ivoire.

OSSÈNE OUATTARA




Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *