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mardi 13 mai 2025
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L’humoriste Agalawal : de Pinda-Boroko (Bondoukou) aux salles de spectacle abidjanaises

L’humoriste Kra Kobenan Kouman, alias Agalawal

S’il est incontestablement un des humoristes les plus appréciés en Côte d’Ivoire, c’était pas gagné d’avance pour Agalawal. Comme l’histoire de la plupart de ceux qui ont réussi, Kra Kobenan Kouman Ignace (de son vrai nom) a connu la galère. Le natif de Pinda-Boroko, dans le département de Bondoukou, était confronté à des difficultés sur le campus de Cocody lorsque le destin décide de donner une autre orientation à sa vie : vivre de l’humour.

Avec une maîtrise en anglais, les petits esprits se demanderont pourquoi Agalawal n’a pas cherché mieux à faire que raconter des blagues pour amuser la galerie. L’intéressé répond sans détour : « l’humour m’a tout donné. Je suis même modeste en le disant. J’arrive à vivre décemment, à me déplacer aisément, à mettre mes enfants à l’école, à préparer leur avenir, à avoir un toit pour dormir. On ne peut pas demander mieux ». Le chemin qui conduit au succès, souvent semé d’embûches. Le jeune humoriste est un cas de résilience.

Un pied sauvé de justesse de l’amputation

Sur les bancs de l’école primaire, Kra Kobenan Kouman Ignace tombe gravement malade. Son mal a commencé par une enflure au pied. Alors que les médecins croyaient avoir affaire à un cas d’éléphantiasis, une grosse plaie commence à ronger la jambe du petit. Les médecins craignent un cancer et optent pour l’amputation du pied. Mais les parents du patient s’opposent. C’est finalement la médecine traditionnelle qui viendra à bout du mal qui gangrenait la jambe de l’écolier. Guéri, il part à Grand-Lahou, dans le Sud. Il intègre le lycée public de cette ville. C’est dans cet établissement qu’il commence ses petites blagues comiques. Au cours d’une cérémonie en présence d’un ministre, on demande au jeune lycéen d’égayer le public avec sa bonne humeur, comme il en avait l’habitude au milieu de ses amis. Il s’y met. Depuis, il s’est forgé l’âme d’humoriste qu’on lui reconnaît aujourd’hui.

« Je suis Garba Lawal, pas Agalawal ! »

Le lycéen Kra Kobenan Kouman aime bien le football. Mais il n’est pas bon joueur. Sur l’aire de jeu, ses contrôles approximatifs du ballon lui valent, sous forme de railleries, le surnom Garba Lawal (nom d’un ancien international nigérian). Et quand, devant le ministre, on lui demande son nom d’artiste, quelqu’un crie dans la foule : « Agalawal !« . Sobriquet qui lui collera à la peau. Même si l’élève détestait, au départ, qu’on le nomme sous cette déformation du nom du footballeur nigérian.

Une vie estudiantine de galère

Après le BAC, Agalawal s’inscrit au département d’anglais de l’université de Cocody, à Abidjan. Pendant 2 ans, il met une pause sur l’humour. Le temps d’avoir une base dans les études supérieures. Mais difficile de trouver son repère dans cette jungle estudiantine quand on n’a pas un tuteur chez qui habiter. « À mon arrivée à Abidjan, je vivais chez un oncle. J’ai eu des histoires avec lui et j’ai quitté sa maison. Par la suite, les choses n’ont pas été faciles pour moi. Je devais aller au campus, trouver de l’argent pour vivre, faire des photocopies… », se souvient l’humoriste.

Dans cette galère, l’étudiant intègre le Comité universitaire d’action culturelle (CUAC). Grace à l’appui du président de cette structure, Agalawal obtient une résidence à la cité universitaire Mermoz. Il y restera jusqu’à l’éclatement de la crise post-électorale, en 2011.

Les Ivoiriens découvrent un talent hors du commun

C’est avec l’émission « Bonjour 2009 » que le natif de Pinda-Boroko a véritablement débuté sa carrière d’humoriste. Le jeune homme avait alors pour modèles les comédiens Gbi de Fer et Zongo. À la différence de certains de ses devanciers, « Agalawal n’a fait aucune école de théâtre. C’est la passion qui m’a guidé jusqu’ici », précise-t-il. L’émission « Bonjour » a été pour lui le déclic. Il doit à ce spectacle de chaque début d’année sa participation au Marché des arts du spectacle africain (MASA) et ses voyages à l’étranger. Notamment au Maroc, au Mali, au Bénin, au Burkina Faso…Tu

Agalawal affirme vivre que de l’humour. « Il est devenu pour moi un métier », admet-il. L’artiste comédien n’aurait pas cette conviction s’il n’y avait pas eu la crise post-électorale de 2011. Il explique : « j’ai vécu en cité universitaire jusqu’en 2011. Il fallait quitter le campus à cause de la crise. La préoccupation était de faire autre chose que de reprendre le chemin des amphis. Il fallait survivre et chercher un endroit où déposer mes affaires. Je n’avais pas de soutien familial et c’était vraiment dur. Cette situation a contribué à changer mes objectifs. Et depuis 2010-2011, j’ai tout abandonné pour ne faire que cela ». Du drame national est né le bonheur singulier d’Agalawal. Nom d’artiste auquel il fait précéder le titre « Ambassadeur ». Signe prémonitoire ? « De nombreuses entreprises m’ont appelé pour faire de moi leur Ambassadeur. L’UNESCO m’a fait Ambassadeur de la ville historique de Grand-Bassam. Donc, le nom Ambassadeur m’a porté beaucoup de chance », répond-il.

La vie sourit à Kra Kobenan. Le jeune homme n’est pas peu fier du chemin que le destin lui a tracé. Et il le fait savoir. La plaque d’immatriculation de sa BMW porte son sobriquet. Comme pour dire qu’il faut jamais désespérer, malgré les difficultés.

OSSÈNE OUATTARA




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