Des 4 plateformes agro-industrielles à viabiliser dans les zones de forte production de noix de cajou du pays dans le cadre du Projet de promotion de la compétitivité de la chaîne de valeurs de l’anacarde (PPCA), avec l’appui financier de la Banque mondiale, celle de Korhogo est la première dont les travaux sont achevés. Le premier coup de pioche a été donné le 20 mai 2021. Elle a été inaugurée ce samedi 23 septembre par le ministre de l’Agriculture et du développement rural, représentant le chef du gouvernement, Achi Patrick.
En termes de taille, c’est le plus grand chantier d’infrastructures réalisé par le Conseil du coton et de l’anacarde (CCA). Il s’étend sur une superficie de 28.7 hectares. Dimensionnée pour recevoir 7 unités de transformation, l’aménagement de la plateforme a coûté 7.5 milliards de francs CFA. Les usines qui seront construites devront transformer 60.000 tonnes de noix brutes de cajou. Déjà 4 opérateurs ont exprimé leur volonté de s’y installer. Notamment Long Son Joint Stock Company. Au Viêt-Nam, ce groupe est le plus grand transformateur et 2e exportateur mondial d’amandes d’anacarde. L’entreprise promet donner plus de visibilité aux amandes qu’elle produira en Côte d’Ivoire en les exportant dans 50 pays. « Avec une capacité de transformation journalière d’environ 50 tonnes de noix brutes la première année, nous espérons créer environ 1.000 emplois directs à Korhogo et contribuer au développement économique de la région du Poro », a annoncé Vu Thai Son, le directeur général. Ége Prest, filiale du groupe ivoirien Soukpafolo, va également s’installer sur le site.
Pour l’agro-économiste Jean-Philippe Tré, représentant la Banque mondiale lors de l’inauguration du complexe, « en encourageant la transformation locale de la noix de cajou, le projet vise également à créer des milliers d’emplois directs et indirects pour les jeunes et les femmes dans les régions ciblées tout en générant de la valeur ajoutée pour l’économie ivoirienne en exportant des produits transformés plutôt que de la matière première brute ». Plusieurs milliers d’ouvriers, en majorité des femmes, devraient franchir chaque jour les portes de l’enceinte pour travailler.
Avec son réseau d’assainissement autonome, sa station d’épuration des eaux usées de 490 m3 par jour, son centre de réception des déchets liquides d’une capacité journalière de 1.500 m³, ses aires de stationnement pour gros camions, ses espaces de séchage, ses 3 entrepôts de stockage de 2.500 m² chacun, ses ponts-bascules, ses voies de circulation intérieure bitumées, son maillage en fibre optique pour la fourniture internet, « cette zone agro-industrielle offre toutes les garanties de conformité aux standards internationaux de sécurité, de qualité environnementale et sociale aux unités de transformation qui s’y installeront. Les produits transformés ici n’auront donc aucune difficulté à accéder directement aux marchés les plus exigeants comme celui des États-Unis », rassure Adama Coulibaly, directeur général du CCA, le régulateur de la filière cajou.
Des résultats notables
En 10 ans, le secteur anacarde s’est imposé comme stratégique pour l’économie nationale. La production annuelle de noix brutes a fait un saut spectaculaire, passant de 400.000 tonnes en 2011 à plus de 1.200.000 tonnes en 2022. En volume et en valeur, l’anacarde est devenu le 2e produit agricole d’exportation derrière le cacao. « Cette filière qui a amorcé son développement industriel, conformément à la vision du président Alassane Ouattara, compte déjà plus d’une trentaine d’unités de transformation d’une capacité nominale de près de 350.000 tonnes », a indiqué le ministre de l’Agriculture. Le pays a transformé 22% de sa production en 2022. Kobenan Kouassi Adjoumani a salué l’engagement des acteurs de chaque maillon de la chaîne des valeurs, les partenaires techniques et financiers. Grâce à qui des résultats notables ont été enregistrés. « La Côte d’Ivoire est aujourd’hui un pays de référence dans l’industrie du cajou, se hissant successivement aux rangs de 1er pays producteur et exportateur de noix brutes, et 3e pays transformateur. Depuis peu, notre pays est devenu le 2e exportateur d’amandes dans le monde après le Viêt-Nam, devant l’Inde et le Brésil », s’est félicité le ministre.
La zone agro-industrielle de Korhogo, comme celles en cours de construction à Bondoukou et à Séguéla, rapproche le pays de son objectif de porter à 50% au moins son taux de transformation d’ici à 2025.
OSSÈNE OUATTARA