Sans la régulation, le secteur cajou aurait-il connu son niveau de développement actuel ? Pas sûr. L’on se souvient qu’avant 2002, année de sa prise en main par l’État à travers la mise en place de l’Autorité de régulation du coton et de l’anacarde (ARECA), le kilogramme de noix de cajou se vendait entre 50 et 100 francs CFA. Voire 25 francs CFA. Même à ces prix dérisoires, les acheteurs étaient rares et la majeure partie des produits ne trouvait pas preneur. Au grand préjudice des producteurs. La donne a commencé à changer à partir de la décennie 2000-2010.
La réforme intervenue en 2013 avec le remplacement de l’ARECA par le Conseil du coton et de l’anacarde (CCA) a presque décuplé la valeur du cajou. C’est désormais un produit rentable. La campagne de commercialisation 2017 en atteste. Alors que la traite a débuté avec un prix d’achat plancher de 440 francs CFA, le produit s’était vendu à presque 1.000 francs CFA le kilogramme. Sur certaines parties du territoire national, le prix a franchi cette barre.

Pour le directeur général du Conseil du coton et de l’anacarde, l’engagement du corps préfectoral a permis à la filière anacarde de se hisser dans le peloton de tête des cultures d’exportation de notre pays
Ce regain d’intérêt pour l’anacarde, comme pour tout autre produit agricole d’exportation, suscite des appétits et des convoitises. Des acteurs cupides organisent sa sortie frauduleuse du pays. En réaction, les autorités gouvernementales ont, depuis 2014, institué des comités de veille pour lutter contre le phénomène. Les séances de sensibilisation à chaque campagne de commercialisation ne semblent pas dissuader les contrebandiers. Mais cette année 2025 ne sera pas comme les précédentes. Finie la récréation. Place à la fermeté.
Ce message de fermeté a été transmis ce jeudi 30 janvier aux personnes conviées à l’atelier-bilan d’opérationnalité des comités de veille. Organisée à Yamoussoukro par le Conseil du coton et de l’anacarde, la réunion a été présidée par le ministre de l’Agriculture. Kobenan Adjoumani avait autour de lui 200 participants dont 67 préfets en poste dans les régions et départements de production des noix de cajou. Pour cause, les préfets sont les premiers responsables des comités de veille pour le suivi de la commercialisation dans leurs zones. C’est pourquoi monsieur le ministre les a exhortés. « Je voudrais vous encourager, au titre des défis actuels, à intensifier les efforts dans la lutte contre la fuite des produits vers les pays voisins. Ce phénomène doit être endigué. L’engagement des plus hautes autorités d’y mettre fin ne fléchira pas. Nous devons tous nous inscrire dans cette voie en mettant en œuvre tous les moyens légaux et tout le dispositif opérationnel de la puissance publique pour y mettre fin définitivement ».
Le directeur général du Conseil du coton et de l’anacarde n’a pas passé sous silence le rôle joué par le corps préfectoral dans le développement de la filière cajou. « Votre engagement et votre contribution ont permis à la filière anacarde de se hisser dans le peloton de tête des cultures d’exportation de notre pays. Cette performance remarquable a largement contribué au bien-être des producteurs et au développement économique national », a souligné Berté Mamadou. Mais, il a relevé d’autres « défis majeurs » auxquels fait face la filière. Notamment « la traçabilité et la transparence des flux qui nécessitent des outils modernes et un suivi rigoureux, la sensibilisation des producteurs et des autres acteurs qui doit être intensifiée pour une meilleure adhésion aux réglementations, l’accroissement de la transformation locale avec une implication des opérateurs nationaux ». Sur ces chantiers, le directeur général a demandé l’implication des préfets pour l’atteinte des résultats. « Nous sommes convaincus que notre ambition exprimée dans cette vision ne pourra se concrétiser qu’avec une forte synergie entre le Conseil du coton et de l’anacarde, le corps préfectoral et toutes les autres parties prenantes. Le corps préfectoral est un acteur-clé pour accompagner cette dynamique. Votre rôle de proximité vous confère une position stratégique dans le dispositif de développement de nos filières. Votre engagement est indispensable pour transformer les défis en opportunités et pour positionner durablement la filière comme un modèle de réussite », a soutenu Berté Mamadou.
La traite 2025 a officiellement débuté samedi 18 janvier avec l’annonce du prix de vente de 425 francs CFA. C’était en marge des Journées nationales du producteur de coton et de l’anacarde (JNPCA). La semaine prochaine, des missions seront envoyées dans les principales régions de production pour sensibiliser encore sur les dispositions pratiques de la commercialisation.
OSSÈNE OUATTARA