Comme des milliers de femmes du Zanzan, Djeboué Amon Liliane aurait pu ne jamais aller à l’école. Ingénieure en Finances, elle dirige aujourd’hui une importante microfinance, à Abidjan. L’ancienne élève du lycée privé Dua Kobenan doit sa réussite aux études. Dans cette interview, cette « femme épanouie » évoque ses années de collège, donne des conseils aux élèves filles et annonce le lancement au lycée de Bondoukou d’une campagne initiée par le Rotary club Abidjan Excelsior. Un club « sélect » de bienfaisance dont elle est devenue la présidente, depuis juin 2016.
De quel village du département de Bondoukou venez-vous ?
Je suis originaire de Kouassi-N’Dawa, village situé à 12 km de Bondoukou, sur la route de Bouna. Je suis une des petites-filles d’Akoua Tamia, alias Akoua Goly. Nanan Diaoussié, l’actuel chef du village, est mon « père ». Je m’exprime très bien en koulango. Je comprends aussi le bron et le lobi.
Êtes-vous née à Kouassi-N’Dawa ?
Non ! Je suis née à Treichville, à Abidjan. Mais j’ai fait le Lycée Dua Kobenan où j’ai obtenu le BEPC en 1997.
Comment êtes-vous entrée dans le monde de la microfinance ?
Après le BAC obtenu en 2001 au lycée Descartes, j’ai été orientée en gestion commerciale à Pigier, au Plateau. En 2003, dans l’attente des résultats du BTS, j’ai déposé un peu partout des demandes de stage. La CIE [Compagnie ivoirienne d’électricité, NDLR] m’a appelé. Cela m’a permis de soutenir rapidement mon mémoire lorsque j’ai décroché le BTS. Pendant que j’étais en stage à la CIE, j’ai appris qu’une nouvelle microfinance appelée Crédit mutuel recrutait son personnel. J’ai postulé et ça marché.
À la différence de beaucoup d’étudiants, vous n’avez pas eu de difficultés à trouver un stage et un emploi ?
Pas du tout ! Comme conseil aux étudiants orientés dans les grandes écoles, je leur demande de déposer des demandes de stage dans les entreprises dès leur première année de BTS. Qu’ils n’attendent pas d’avoir d’abord le diplôme ! Dans mon cas, c’est pendant mon stage à la CIE que Crédit mutuel m’a recruté. J’y ai passé 11 ans. En août 2014, j’ai démissionné.
Pourquoi ?
Je voulais me consacrer à mes propres affaires. Mais 48 heures après ma démission, des entreprises dans lesquelles j’avais déposé des demandes d’emploi m’ont fait appel. Dans la foulée, j’ai lu une annonce qui disait que la Caisse mutuelle d’épargne et de crédit des éleveurs (CMECEL) cherchait un gérant. J’ai soumis ma candidature comme beaucoup d’autres personnes. C’est moi qui ai décroché le poste. Depuis décembre 2014, je dirige cette microfinance.
Concrètement, que fait la CMECEL ?
La Caisse mutuelle d’épargne et de crédit des éleveurs est un système financier décentralisé qui opère principalement dans l’élevage. C’est la seule agence de financement des éleveurs en Côte d’Ivoire. Nous intervenons sur toute l’étendue du territoire national. Tout éleveur qui a besoin de financement peut s’adresser à la CMECEL. Nos portes sont ouvertes aux éleveurs du Zanzan.
La structure peut financer à hauteur de combien de francs ?
Les prêts peuvent aller de 1 à 40 millions de francs. Nous demandons simplement à l’éleveur qui sollicite le prêt de disposer de 30 % du montant souhaité.
Depuis le samedi 18 juin 2016, vous êtes la présidente du Rotary club Abidjan Excelsior. Comment êtes-vous arrivée au Rotary ?
J’ai toujours voulu servir dans l’humanitaire parce que j’aime le bénévolat. Dans mon amour brûlant à servir autrui, j’ai été encouragée par ma tante Villaça Gene-Crestia qui vit au Bénin. Elle-même est Rotarienne. C’est ainsi que j’ai intégré le Rotary club Abidjan Excelsior qui venait d’être créé.
C’était quand ?
Le Rotary club Abidjan Excelsior est créé en 2011. Je l’ai intégré en 2012. Et en décembre 2013, j’ai été élue et nommée présidente. Au Rotary, les noms des présidents sont connus 3 ans à l’avance. C’est donc en 2016 que j’ai reçu les charges. Je suis entrée au Rotary sans passer par le Rotaract qui est l’école du Rotary. J’ai succédé à feu Fernand Bédiakon, qui vient aussi du Zanzan. Précisément de Yézimala. Marie-Irène Richmond, notre Immédiat Past Gouverneur, est de Guiendé, près de Tanda.
Que fait-on au Rotary ?
Le Rotary est un club-service regroupant des personnes qui donnent de leur temps et de leurs moyens pour venir en aide aux plus démunis. Au-delà de servir autrui, on partage les valeurs de la camaraderie, de l’amitié, de convivialité, la probité.
Un club-service réservé apparemment aux fortunés !
Non ! Je dirai que n’entre au Rotary que la crème des crèmes. Le meilleur des charbonniers peut devenir Rotarien. Le meilleur planteur d’anacarde peur devenir Rotarien. Celui qui est animé par l’esprit de bénévolat peut entrer au Rotary. Celui qui peut faire don de soi peut y entrer. On entre au Rotary pour donner sans rien attendre en retour. Toute personne peut faire un don de 100 dollars pour l’achat de vaccins contre la poliomyélite.
Comment venez-vous en aide aux démunis ?
Des personnes nous sollicitent par rapport aux besoins de leurs localités. Nous nous déplaçons aussi dans des endroits pour évaluer les besoins. Nous intervenons ensuite. S’agissant spécifiquement du Rotary club Abidjan Excelsior, l’éducation de la jeune fille reste le crédo.
Quelles activités avez-vous menées en rapport avec votre crédo, depuis votre prise de fonction ?
Nous avons un programme d’activités qui devrait commencer aux mois de juillet et août. Mais nous avons accusé un retard. Dans le Zanzan, nous allons lancer la campagne « Zéro grossesse en milieu scolaire ». Le lancement se fera en novembre prochain, au lycée moderne. À l’occasion, toutes les écoles de la Direction régionale de l’Éducation nationale seront invitées à Bondoukou. Un concours sera lancé à l’intention des élèves filles.
Pourquoi cibler la jeune fille ?
Avant, les filles n’étaient pas scolarisées. Des campagnes rudes ont été menées par l’État et des ONG pour convaincre les parents à envoyer leurs filles à l’école comme les garçons. Lorsque la fille revient de l’école avec une grossesse, cela décourage. Quel avenir pour une élève de 12 ou 18 ans qui tombe enceinte ? Il faut qu’on incite les filles à se consacrer à leurs études.
Quels conseils donnez-vous alors aux filles élèves ?
Lorsque j’étais à Bondoukou, j’ai connu les mêmes difficultés que celles rencontrées aujourd’hui par les filles. Chaque matin, je marchais de Djiminisso au lycée Dua Kobenan pour aller en cours. Pas moins de 5 km. Je revenais à la maison à midi en parcourant la même distance. Puis je repartais le soir. C’est au moins 20 km de marche par jour. On partait aussi ramasser des mangues à 4 heures du matin sur la route d’Abema. On les vendait ensuite pour avoir 300 francs. De l’argent à dépenser sur une semaine. Souvent, ce sont des arachides que je portais sur la tête. Ces souffrances ne m’ont pas détourné des études.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je ne serais pas devenue ce que je suis si dès la classe de 4ème j’étais tombée enceinte. Quel parent allait encore payer mes fournitures scolaires ? Aujourd’hui, je suis une femme épanouie. C’est cette vie que je souhaite pour les filles élèves. Je n’aime pas les excuses du genre « je n’avais pas d’argent pour manger. Donc… ». Une fille qui obtient le BEPC avant d’aller avec un garçon va nécessairement réussir.
Propos recueillis par OSSÈNE OUATTARA
Je suis vraiment émus de voir une des nôtres être a ce niveau de responsabilite. Moi personnellement, j’ai aussi fait le BTS en finances mais j’ai décidé depuis Novembre 2015 de faire mes propres affaires dans la régions de san pedro. Mais je suis en quête de financement. J exerce dans le milieu de l agriculture notemment l’achat vente du caoutchouc naturel. Je suis PCA de ma propre cooperative qui fonctionne actuellement en format Start up. Je suis joingnable au 0022508137600
Je suis en allemagne je souhaite avoir les contacte de madame.djeboue liliane de CMECEL je suis de zanzan je souhaits avoir.des conseils car j,ai un projet sur l,elevage.voici mes contactes.00491759180137ou 00491746795329.