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vendredi 26 décembre 2025
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Souadikou Ouattara, un suppléant déçu de son titulaire : « Mamah Diabagaté ne m’a jamais donné 5 francs »

Il a été le suppléant du député Mamah Diabagaté de 2021 à 2025 à Bondoukou. Au moment où ce dernier est encore en course pour le renouvellement de son mandat parlementaire, Souadikou Ouattara se confie sur la relation tendue avec celui qu’il avait pourtant représenté près de 78 fois. Un dévouement pour quelle rétribution ? « De 2021 à aujourd’hui, le député titulaire ne m’a jamais donné 5 francs CFA. Pire, il ne m’a pas remboursé les 500.000 francs CFA de caution dont je m’étais acquitté en faisant acte de candidature à la députation au même titre que lui. Son colistier Maïzan Noël a restitué l’argent de son suppléant Cyriac. Pas Mamah Diabagaté », révèle-il dans cette interview réalisée ce mercredi 24 décembre. Cette sortie à la veille du scrutin législatif du 27 décembre 2025 est révélatrice d’un RHDP miné par des dissensions à Bondoukou.

Souadikou Ouattara, membre de la coordination régionale du RHDP chargé de la logistique. Ex-suppléant du député Mamah Diabagaté           

Lorsqu’on parle du RHDP à Bondoukou, impossible de ne pas parler de toi. Pourquoi ?

Parce que j’ai des responsabilités au sein du parti.

Lesquelles ?

Je suis membre de la coordination régionale du parti chargé de la logistique et ex-député suppléant de Mamah Diabagaté. Je fais également partie de l’équipe du Conseil régional de Gontougo.

Pour les Législatives 2025, le député Mamah Diabagaté est encore candidat du RHDP avec Maïzan Noël. Pourquoi ne fais-tu plus partie des suppléants ?

Je vous explique d’abord comment s’opère le choix des candidats aux Législatives chez nous au RHDP.  Ceux qui souhaitent faire acte de candidature déposent leurs dossiers au siège du parti à Abidjan. La déclaration de candidature est assortie du paiement d’une caution de 500.000 francs CFA. Une fois que le choix du parti est fait et que la liste des personnes retenues est connue, on vient sur le cas de leurs suppléants. Comme ma candidature n’a pas été retenue, on m’a donc mis sur la liste de Mamah Diabagaté pour la mandature 2021-2025. Cette année, le RHDP a décidé de reconduire ses anciens députés. Mais c’était pas évident que je sois reconduit comme suppléant.

Pourtant ça devait être une évidence non, vu que les 2 députés sortants rempilent ?

En tant que député suppléant de Mamah Diabagaté, j’ai joué pleinement mon rôle. Je l’ai représenté près de 78 fois dans le département de Bondoukou, 34 représentations administratives au plus haut niveau et dans près d’une vingtaine de rencontres. J’ai fait tout de ma propre poche. Lorsqu’il n’y a pas retour d’ascenseur, il ne peut y avoir encouragement. Il devrait avoir en politique un petit degré de responsabilité et d’honnêteté vis-à-vis de ceux ou celui qui vous accompagne.

Peux-tu être plus clair ?

De 2021 à aujourd’hui, le député titulaire ne m’a jamais donné 5 francs CFA. Pire, il ne m’a pas remboursé les 500.000 francs CFA de caution dont je m’étais acquitté en faisant acte de candidature à la députation au même titre que lui. Son colistier Maïzan Koffi Noël a restitué l’argent de son suppléant Cyriac. Pas Mamah Diabagaté. Devant le ministre Adjoumani, le ministre-gouverneur Touré Souleymane, le Général Da Pierre, le président Kossonou Ignace, on leur a dit, lui et Maïzan, de restituer les cautions de leurs suppléants. À ce jour, mon titulaire ne m’a pas remboursé les fonds. Je suis passé par des personnes pour intervenir auprès de lui. Sans succès. Lorsque je vois la bonne manière dont certains députés titulaires traitent leurs suppléants, ça n’encourage pas d’être encore aux côtés de Mamah Diabagaté. Ce manque de solidarité est en train de détruire le RHDP à Bondoukou.

Comment expliques-tu l’attitude de ton titulaire à ton égard ?

Dès les premiers instants de notre collaboration, des personnes m’ont taxé de tous les noms. On me reproche d’être le député du ministre Adjoumani. « Souadikou, député d’Adjoumani », « Député d’Adjoumani ». Mamah Diabagaté a cru à ce qui se racontait sur moi. Il ne me répond ni au téléphone ni sur WhatsApp. Ou difficilement. Compliqué d’avoir une conversation avec lui. Cependant, ma conscience est tranquille. Je l’ai servi loyalement. C’est lui qui n’a pas été à la hauteur. Même s’il est un de nos cadres, c’est regrettable.

Avec tout ce que tu viens de dire, aurais-tu accepté d’être son suppléant pour l’élection du 27 décembre ?

À cause de nos rapports peu ordinaires, ce serait difficile pour lui de me faire appel à nouveau. Mais si c’était arrivé, peut-être j’accepterais sous certaines conditions. Je n’allais pas être son suppléant sans poser des conditions à respecter.

Es-tu déçu de lui ?

Je mentirais si je réponds non. Je suis déçu de sa manière de faire. Déçu pour n’avoir pas pris ses responsabilités. Déçu de son management. Déçu de sa gestion politique à Bondoukou.

Es-tu alors opposé au choix du RHDP sur lui pour les Législatives à Bondoukou ?

Clairement. Je pense qu’il faut faire la passe à une nouvelle génération comme le président de la République l’a dit. Ils ont fait 2 mandats et on a tous vu ce qu’il s’est passé à Bondoukou au cours de leurs mandats. D’où mon opposition au choix porté sur Mamah Diabagaté. Bondoukou doit espérer de meilleurs lendemains. Cela doit passer par des personnes fortes. Il n’incarne pas cette valeur. J’ai donc essayé de prendre mes responsabilités en soutenant la liste indépendante de la paire Anzoumana Ouattara/Bamba Salia. Malheureusement, ils ont été mis hors course.

Le RHDP ne vit-il pas plutôt une crise ici à Bondoukou ?

Bien sûr que le parti est en crise ici. Elle a commencé depuis le choix des candidats en 2016 aux Législatives et aux Municipales. La crise perdure. Pas de sincérité. Des personnes font semblant d’aimer le parti. Elles travaillent contre lui dans les faits. Avec la base que le RHDP a à Bondoukou, comment ce parti peut perdre la mairie ? Cet échec est bien le résultat d’un dysfonctionnement.

Ce n’est pas la première fois que la commune échappe au RHDP.

C’est vrai. Mais c’est au sein de notre parti que sortent les indépendants.

Est-ce que la direction nationale de votre parti sait qu’il y a problème à Bondoukou ?

Elle est au courant. La direction a été saisie par courrier des problèmes que vit le parti ici. Le ministre Kafana Koné est venu et un conclave a eu lieu dans une salle de la mairie. Chacun s’est exprimé  pour situer les responsabilités. Rien n’a changé.

À titre personnel, que souhaites-tu ?

Il faut qu’on se pardonne pour vivre ensemble. Si quelqu’un est en erreur, qu’on le fasse s’asseoir et lui dire la vérité. Le rayonnement du RHDP à Bondoukou en dépend. La sincérité doit animer nos premiers responsables. Il y a trop d’arbitraire au sein du parti. Moi je ne suis dans aucune instance du parti au niveau départemental. C’est grâce au ministre d’État Kobenan Adjoumani que je me fais voir au niveau régional. Malgré cela, certains ne veulent pas que je le soutienne. Aujourd’hui et demain, je lui suis redevable.

Vu que la liste que tu soutiens a été rejetée, quelle consigne de vote donnes-tu ce 27 décembre 2025, jour du scrutin législatif ?

Chacun est libre de voter qui il veut. Tout le monde sait ce que j’ai subi. Mon candidat a été disqualifié et on sait tous ce qu’il s’est passé. Certains se targuent et se répandent avec ferté sur les réseaux sociaux qu’ils sont à la base de cette déconvenue. Oubliant que leurs adversaires qu’ils veulent écraser et museler politiquement ont aussi du monde derrière eux. Voilà comment naissent les confrontations souvent violentes. Cela dit, chacun est libre de son choix samedi prochain. Je ne donne pas de consignes de vote.

Propos recueillis et retranscrits par OSSÈNE OUATTARA




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