Le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani est au four et au moulin. En tant que président de la Commission mobilisation pour la prochaine visite présidentielle dans le Zanzan, il est sur tous les fronts pour la réussite de sa mission.
Le vendredi 2 novembre, le ministre était à Tanda. Dans la salle des conférences de la sous-préfecture, il a échangé avec le comité local d’organisation. Organe composé de fonctionnaires, de chefs traditionnels et de responsables de partis politiques. Monsieur Adjoumani a battu le rappel de ses troupes pour la réussite de la visite du président Alassane Ouattara. Annoncé dans le District du Zanzan, du 27 au 30 novembre prochain.
Le dimanche 4, le président de la Commission mobilisation s’est rendu à Bondoukou. Ici encore, le ministre a tenu une réunion. L’ordre du jour étant le même : susciter les populations à s’approprier le séjour présidentiel. Mais il y a une vérité qu’on veut cacher. L’atmosphère générale contraste avec l’énergie du membre du gouvernement. A Tanda (fief de Kouassi Adjoumani) comme dans la ville aux 1 000 mosquées, les populations ne sont pas enthousiasmées par la nouvelle. Elles ne semblent encore prêtes à accueillir le chef de l’Etat.
Joint au téléphone, le président des producteurs du Gontougo a confirmé le manque d’enthousiasme des habitants. Ses propos, sans ambiguïté : « On nous dit chaque jour que le président arrive dans notre région. Mais le monde paysan n’a pas été associé à cette arrivée ». Plus grave, l’état de déliquescence des infrastructures. « A Bondoukou comme dans ses villages, il n’y a pas de routes. Pas d’eau dans les hôpitaux. Tout est délabré. Les malades meurent en cascade. J’en suis moi-même victime. Ma sœur est morte lors de son évacuation à Abengourou, faute d’oxygène. Environ 5 000 tonnes d’anacarde invendues », déplore le patron de la Mutuelle technique agricole du Zanzan (MUTAZA). Avant de souhaiter qu’Alassane Ouattara fasse un tour à Sandégué, pour se frotter à d’autres réalités.
Même grief d’Alliagui Soumaïla, membre de la jeunesse communale de Bondoukou. « Les populations ne sont pas prêtes. Bondoukou manque de tout. Les travaux promis n’ont pas démarré. Les jeunes de la commune ne sont ni officiellement informés ni associés aux préparatifs de cette visite ». Comme le président des producteurs, il demande le report pur et simple de la visite présidentielle.
Le jeune nous a appris qu’à Bouna, dans le Bounkani, c’est le même constat. Selon lui, les populations ont demandé et obtenu le report du séjour du chef de l’Etat en attendant la réalisation effective des infrastructures de base.
L’ »entêtement » du ministre Adjoumani ?
Si les populations ne sont pas prêtes, pourquoi cacher la réalité et maintenir les dates de la visite ? Alliagui Soumaïla croit savoir la raison. « Le ministre Adjoumani est le seul qui pilote tout. Il sait que le Gontougo n’est pas encore prêt mais s’entête à prouver le contraire pour des raisons électoralistes. Le ministre veut profiter de la visite du chef de l’Etat pour s’ancrer dans les esprits en vue des élections régionales à venir. Si cette arrivée est reportée, ça sera à son désavantage car elle n’interviendra pas avant les élections locales », nous a-t-il confié par appel téléphone. Nos tentatives pour en savoir plus auprès du ministre sont restées vaines.
Les tournées présidentielles dans les provinces de Côte d’Ivoire, occasion pour celles-ci de bénéficier des retombées. Si dans les régions du Bounkani et de Gontougo aucune réalisation n’est à signaler pour le moment, pourquoi ne pas reporter l’arrivée du président de la République dans ces zones ? Il ne sert à rien de courir. Plus que de sauver la face d’un membre du gouvernement désireux de devenir président de Conseil régional, il y va du bon nom du président Alassane.
En effet, personne ne le dit. Mais le Zanzan a en mémoire les visites du prédécesseur du président Ouattara. Plus d’une fois Laurent Gbagbo s’est rendu dans cette partie du territoire national. Autant de fois les misères des populations. Des promesses jamais tenues. Les habitants ne sont pas amnésiques.
Ossène Ouattara
Vivement que les querelles de positionnement politique ne constituent pas un frein à la réussite de la visite du Chef de l’Etat.
Cette visite est l’occasion d’exprimer directement et de vive voix les préoccupations des populations du Gontougo et du Bounkani au Président de la République. Cet homme de parole, qui accorde, dans son programme de developpement, une place de choix au bien-être des populations, ne fera pas que de promesses; Il agira.
Place donc à la cohésion pour la réussite de cette visite du Président.
La sagesse africaine veut que l’on n’étale pas ses petites palabres devant des visiteurs; de surcroit des visiteurs de marques.