C’est sous Laurent Gbagbo que le département de Transua a été créé. Il a failli ne pas être visité par le président Alassane Ouattara, lors de son séjour dans le Zanzan, la semaine dernière. « Pour arracher cette visite, cela n’a pas été facile. Nous avons dû faire bloc », a affirmé Kobenan Tah Thomas, ex-député de la circonscription.
Pourtant Noumassi, village natal de feu Djeny Kobenan (1er secrétaire général du RDR, parti d’Alassane Ouattara), est seulement à 7 kilomètres de Transua. « Vous avez eu raison de recevoir le président », a confessé le ministre Kouassi Adjoumani. En sa qualité de vice-président du comité d’organisation de la visite d’Etat, monsieur Adjoumani a semblé s’être étonné de la mobilisation exceptionnelle des populations du département de Transua. En charge de la mobilisation, l’homme n’a pas mis les pieds dans la localité. Et selon des indiscrétions, il a tout essayé pour que le président ne s’y rende pas. Pourquoi ?
Prao Koffi Daniel, fils du département, croit connaître le motif. « Le Commandant Dua Kouassi Norbert, aide de camp de Laurent Gbagbo, est natif de Transua. Il est en prison à Korhogo, suite à la crise postélectorale de 2010. Ses réalisations au profit des populations de Transua ont été vandalisées par des hommes en armes. Le ministre Adjoumani craignait la réaction de nos parents abrons ».
Poursuivant, par ailleurs, que le président du Conseil général de Tanda ne voulait pas qu’Alassane Ouattara découvre ses carences, s’agissant de sa gestion de cette collectivité décentralisée.
N’empêche ! La mobilisation grandiose a surpris plus d’un à Transua. Mais au-delà, une preuve de pardon et de réconciliation, rappelée tour à tour par le maire Koffi Kra Thomas, le député Yéboua Kobenan Cévérin et le chef Tanoh Marc. D’après eux, il existerait un pacte ancestral entre Kong, ville d’origine du président Ouattara, et le peuple bron. Au nom de ce lien, le locataire du palais d’Abidjan ne pouvait pas ne pas être reçu. « Tu es sur la terre de tes ancêtres ! », a indiqué, dans sa libation, Kobenan Marc, au nom de Nanan Adou Bibi 2, chef de la province Pinango.
« Quelle belle image à Transua. Je suis ici chez moi ! », a dit le chef de l’Etat, visiblement ému par l’accueil. Avec son calme naturel, Alassane Ouattara a reconnu que Transua a été difficile à l’occasion de la crise postélectorale. « Je me réjouis de la réconciliation que nous
voyons aujourd’hui avec les cadres de la région qui sont tous là sans distinction de parti politique. Et le fait que nous ayons tant de cadres qui se sont combattu ici, tant de chefs en opposition de temps en temps en raison de la politique, le fait que vous soyez tous ici ensemble montrent bien que la réconciliation est en marche en Côte d’Ivoire ».
Terminant son propos, le président de la République a pris l’engagement de poser des actes forts dans le sens de la réconciliation, les jours à venir. « Dans les semaines à venir des actes très forts montreront que cette réconciliation est la volonté du gouvernement et du président de la République ». On pourrait s’attendre à une entrée de l’opposition au gouvernement. Ou, à ce que des prisonniers politiques reçoivent comme cadeau de fin d’année une grâce présidentielle.
Rosemonde Desuza