La nature a doté la région du Bounkani (Bouna, Doropo, Nassian et Téhini) d’une plante : le karité. La zone en regorge à profusion. Mais face à l’anacarde, peu de personnes savent que l’amande du karité vaut de l’or.
C’est de la graine de karité qu’est obtenu le beurre du même nom : le produit recherché. Dans le Bounkani, sa fabrication est l’affaire des femmes. Peu organisées, elles font tout à la main. La production est artisanale.
Dans les localités où il est fabriqué, le beurre de karité est faiblement utilisé dans l’alimentation et pour les soins corporels. Et peu de productrices savent que leur beurre est sollicité par les géants mondiaux du cosmétique (l’Oréal, l’Occitane,…) et de l’agroalimentaire (Nestlé, Mars,…).
Une femme de Doropo, enseignante en France, a donné au karité du Bounkani ses lettres de noblesse. Après des années de batailles économico-scientifiques, dame Djené Daré Ouattara a lancé dans l’Hexagone sa gamme de produits cosmétiques composés à 99,99 % du beurre végétal. Environ 10 produits de différents parfums labellisés « Bounabio », ayant reçu la certification ECOCERT, sont commercialisés dans des officines (pharmacies) parisiennes. Un bel hommage que rend la quinquagénaire à la fois aux femmes qui produisent le karité dans l’extrême nord-est de Côte d’Ivoire. Les produits de Daré Ouattara sont en vente dans des grandes surfaces, à Abidjan.
Mais beaucoup reste à faire pour que les productrices locales de karité tirent des revenus substantiels de leur travail. A commencer par leur professionnalisation, à l’exemple de leurs collègues du Burkina Faso. Ensuite, réduire la part de « manuel » dans le processus de fabrication du beurre. En clair, passer de la production artisanale à une fabrication semi-automatisée. A défaut d’une industrialisation complète de la filière.
OSSÈNE OUATTARA