Motiamo, à 7 km de Bondoukou, chef-lieu de région. La localité est une des 3 villages dêga de Côte d’Ivoire. Toutes les femmes y sont potières. La poterie, activité génératrice de revenus pour le village. L’art potier, aussi ancien que la création de Motiamo. La chaîne opératoire est restée traditionnelle : pas d’évolution notable dans la forme. Les femmes produisent des vases de forme globulaire, qui servent à plusieurs usages.
Des décors assez simples. Généralement imprimés à l’épi de maïs égrené. Les écuelles sont d’un noir brillant, obtenu par enfumage dans l’herbe sèche ou fraîche, dès le retrait du feu et par immersion dans une décoction d’écorce d’anacardier. Quant aux vases, ils sont de couleur rouge ocre, due à l’engobage subi avant la cuisson.
L’une des particularités de la production de Motiamo, c’est la précuisson. Elle permet d’éviter l’éclatement des pots au feu. La cuisson elle-même se fait sur une surface dégagée, à l’écart des habitations. Ces poteries sont vendues le dimanche, jour du marché de Bondoukou, par les potières elles-mêmes. Ou des femmes qui viennent s’en procurer sur le site de production.
Les étapes de la cuisson
La cuisson passe par plusieurs étapes. D’abord, la précuisson sur un feu de braise allumé à l’emplacement de la cuisson. Un lit de branchages séchés est ensuite disposé à même le sol, sur lequel l’on renverse une première série de poteries. Sur celle-ci, on emboîte des poteries alignées verticalement. Tout cet ensemble, recouvert de branchages et d’herbes séchées, est maintenu par des pots cassés inutilisables disposés autour de l’édifice. Sur ce dispositif, on met le feu et on l’entretient en ajoutant régulièrement de l’herbe séchée. Lorsque le feu a pris, on laisse la cuisson se dérouler jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de flamme. Cela peut durer 2 heures.
Le pot cuit se reconnaît à son son cristallin. A l’aide d’une grande fourche, le pot est retiré du feu pour être plongé dans la paille allumée pour l’enfumage, puis dans une décoction pour la brillance. Après quoi, il est prêt à être vendu.
Ce type de cuisson, bien que précaire, permet d’atteindre des températures qui peuvent avoisiner 850°C (d’après des analyses de laboratoire effectuées sur des échantillons similaires). Il s’agit donc d’une excellente qualité de cuisson qui permet aux objets de résister aux chocs thermiques et mécaniques. Ce résultat est certainement dû au choix et à la disposition des bois et branchages pour la cuisson. Un savoir-faire “millénaire” qui mérite d’être préservé.
OSSENE OUATTARA