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vendredi 19 avril 2024
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Le Zanzan, une région « malade » de ses cadres

Cet article est le coup de gueule d’un jeune de Bondoukou contre les cadres du Zanzan (Nord-Est). Il a été publié par nos confrères de connectionivoirienne.net.

Réunion préparatoire de la visite d’Etat dans le Zanzan, en novembre 2012. On peut voir les ministres Adjoumani et Kaba Nialé

Réunion préparatoire de la visite d’Etat dans le Zanzan, en novembre 2012. On peut voir les ministres Adjoumani et Kaba Nialé

Le Zanzan est une des régions les plus pauvres de Côte d’Ivoire. Pourtant, épargnée par la rébellion, cette partie du pays n’en demeure pas moins économiquement stratégique.

Or, la région peine à faire entendre sa voix et reste le cadet des préoccupations lorsqu’il s’agit d’évoquer le développement et la représentativité politique. Plus grave, Bondoukou, le chef-lieu du département, a son image invariablement associée à l’esclavage moderne.

Oui, ces « filles de l’Est » à l’ivoirienne dont personne ne parle mais qui pourtant constituent la première main-d’œuvre dont on use et abuse en toute discrétion en Côte d’Ivoire.

« Bonnes », « servantes », « domestiques », « nounous », « Affoua », « Adjoua », « Adja »… Elles ont entre 10 et 14 ans, parfois moins. Dociles, toujours analphabètes, payées, lorsqu’elles le sont, en dessous du salaire minimum et pour une durée journalière de travail illimitée.

Elles débarquent par plusieurs dizaines chaque jour à Abidjan, espérant naïvement y trouver un bien-être. Comme toujours, leur moisson se résume à des grossesses précoces de pères inconnus, à l’achat de quelques bouts de tissus bariolés de piètre qualité, à des bijoux de très mauvaise texture dont elles seront couvertes, non sans fierté, à l’occasion du Kouroubi régional.

Destin de misère entretenu par des réseaux. Une tante, une cousine, un oncle, un parent qui lui, perçoit les fruits et vit confortablement du labeur de l’adolescente corvéable, parfois abusée.

A qui la faute ? Certainement pas au président de la République. J’accuse les « cadres » du Zanzan qui, tous, sans exception, donnent l’impression de se contenter de peu. En fait, de rien.

Pour preuve, la simple visite annoncée du chef de l’État et l’hypothétique annonce de la création d’une université (université Yaya Ouattara ? Ali Timité ? Nanan Adjoumani ?) suffit à les faire courir.

Vous l’avez compris : chacun tente d’assurer son marketing personnel afin de demeurer dans les grâces présidentielles, récoltant au passage le fruit des surfacturations.

Ces prétendus cadres qui, au demeurant, doivent leur promotion à leur appartenance au Zanzan – géopolitique oblige -, n’ont d’intérêt que pour eux-mêmes. Au détriment de la région dont ils sont censés défendre la cause.

Le président viendra. Il écoutera les doléances. Organisateurs et chefs coutumiers seront récompensés. Mais Bondoukou restera dans sa misère sociale.

Alors Mesdames et Messieurs les ministres, députés, maires, présidents de région, directeurs généraux d’entreprises nationales, il vous appartient de réagir maintenant en assurant la promotion des fils et des filles de la région. Il en va de votre honneur !

Aymeric D. Aka
Dess Finance, au chômage
aymericaka@gmail.com

Photo: connectionivoirienne.net




2 thoughts on “Le Zanzan, une région « malade » de ses cadres

  1. Y. Kouassi

    Merci pour la publication de cet article. Quel bilan après le passage du président dans le Zanzan? Les cadres cités ont depuis lors changé de comportement ? S’occupent ils de la promotion économique du zanzan ? Je doute que l’appel du frère ait été entendu!

    répondre
  2. Tazieff Ouattara

    Une prose qui fait vraiment réfléchir. Levons nous et assumons notre devoir envers notre région mère. Notre « part patrie » a réellement besoin de nous.
    Cadres du Zanzan notre mère patrie nous attend.
    À l’aune de son histoire, beaucoup de questions nous seront difficile à répondre si nous refusons de relever le défi de l’union pour un Zanzan solide et prospère.
    A nos aînés d’ouvrir le chemin et nous n’aurons d’autre choix que de les suivre.
    Vive l’avenir du Zanzan.

    répondre

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