Très récemment encore, j’ai repris mes tournées dans les villages et campements de ma cité. J’y suis allé saluer des parents et m’imprégner de leur nouvelle vie après ces moments de violences insensées qui ont fragilisé et fissuré les rapports, autrefois fraternels, entre des frères et sœurs nourris à la même mamelle que leur tendait gracieusement MAMAN DOROPO.
Ces enfants qui s’attroupaient autour d’un même plat de riz, de foutou, de mil, de haricot, de sorgho, etc…, provenant des sols arides et secs de PAPA DOROPO, avaient oublié, le temps d’une élection, la joie qu’il y avait à partager.
J’ai sincèrement cru (peut-être naïvement) qu’après ces batailles, empruntes d’animosité et de rejets instrumentalisés de l’Autre, ces enfants de la même Cité, à commencer par les acteurs directs ou lointains de cette fissure, allaient réapprendre à vivre ensemble. Je m’étais trompé. Mais pas sur tous les bords.
En effet, certaines réalités que j’ai vécues me font espérer un retour progressif aux vertus d’une cohabitation pacifique, fraternelle et solidaire. Un espoir prudent tout de même, car autour d’une jeunesse, d’une population qui veut se réconcilier et réapprendre à vivre comme hier, se trouvent encore des individus tapis dans les ténèbres qui veulent empêcher les démons de quitter les lieux.
Ces individus, fort heureusement, ont été démasqués et, nombreux sont les filles et fils de la Cité qui ont compris qu’il ne sert plus à rien de se battre autour d’une Cité malade.
Ils étaient nombreux, ces jeunes et vieux, à qui l’on faisait croire que le diagnostic du mal qui ronge notre Cité était difficile. Maintenant, ils ont compris. Nous avons tout compris. Lisons ensemble cette adresse d’un fils de la Cité aux élus et cadres :
« Chers(es) frères et sœurs,
Il y a longtemps que nous nous sommes perdus de vue après les bons moments passés ensemble dans cette cité autrefois paisible. Malgré cet abandon, je ne vous en veux pas. D’ailleurs, permettez-moi de vous donner quelques nouvelles d’ici.
En effet après les idiotes violences dans la Cité, le calme commence à s’installer petit à petit, et la confiance entre nous qui sommes restés ici commence à renaître.
C’est l’occasion pour moi de saluer toutes les filles, tous les fils et amis(es) de la Cité qui œuvrent à l’apaisement des cœurs que certains ont cru bon de surchauffer.
Doropo, malgré toutes ses difficultés, est maintenant connectée. Au point que nous lisons sur les réseaux internet les efforts de certains natifs et amis de notre Cité en faveur de l’apaisement.
Leurs contributions nous permettent de découvrir qu’à l’opposé des mots injurieux, se trouvent d’autres plus conciliants et rassembleurs. Je voudrais, à ceux-là, traduire ma reconnaissance, mes félicitations et mes encouragements pour de si nobles actions en faveur d’une fraternité et d’une solidarité vraies.
J’ai pu me rendre compte de quelques obstacles que ces amoureux de Doropo rencontrent dans ce noble élan. A ces personnes, je demande de ne ni baisser les bras, ni céder face aux distributeurs automatiques de haine. Vos voix s’élèveront au-dessus de celles des vices et des incrédules.
Regardez autour de vous ! Ils ne sont plus nombreux, ces gens qui prospèrent dans la division, le dénigrement et le mensonge belliqueux. Toutes ces personnes, très peu du reste, qui foulent aux pieds les valeurs humaines et sociales, finiront par vous rejoindre.
Ne les méprisez pas ! Continuez à être ce sel dont la saveur est appréciée de tous et cette lumière qui fait disparaître les ténèbres ! Persévérez ! Persévérons ! La victoire des vertus sur les vices n’est plus loin.
A toutes ces bonnes volontés, je voudrais, au nom de tous les sans voix, dire merci. Car quelques fruits de vos actions sont désormais visibles.
Nous réapprenons à rester solidaires. Et cette solidarité attenue les peines qui nous ont été infligées contre notre gré.
OUI : – Solidaires, nous réussirons à marcher dans nos rues impraticables en toutes saisons, en attendant les prochaines élections.
– Solidaires, nous conseillerons au voisin une plante qui soignera son mal, en attendant les élections prochaines.
– Solidaires, nous mangerons à notre faim, en attendant les prochaines élections.
– Solidaires, nous allons réparer les toitures de nos écoles, en attendant les élections prochaines.
– Solidaires, nous nous occuperons de nos pompes villageoises, en attendant les prochaines élections.
– Solidaires, nous ferons désormais la différence entre le vrai et le faux, en les attendant aux élections prochaines.
– Solidaires, nous comprendrons qu’on nous éloigne de tout ce qu’on peut réaliser en bien dans l’union. On attend les prochaines élections.
– Solidaires, nous réaliserons presque tout ce que vous, élus et cadres, reviendrez nous promettre à l’occasion des prochaines élections. Car, c’est en ces moments-là qu’on vous voit. Solidaires, nous vous attendons !
NOUS VOUS ATTEDONS POUR VOUS DIRE : – Que nous avons goûté à la saveur de l’unité retrouvée et marchons désormais dans la lumière de la fraternité vers le vrai développement, jusqu’à toutes les prochaines élections.
– Que nous préférons notre solidarité agissante aux promesses quinquennales jusqu’à toutes les prochaines élections.
– Que plus question de vivre d’espoir face à l’insolence des bruits de moteurs de vos grosses cylindrées qui perturbent le sommeil des paysans rôtis par un soleil d’harmattan, jusqu’à toutes les prochaines élections.
– Que plus rien ne nous éloignera de la générosité de nos eaux et terres, jusqu’à toutes les prochaines élections.
– De ne plus venir nous mettre en palabre et retourner se la couler douce on ne sait où, jusqu’à toutes les prochaines, élections.
– D’éviter de nous monter contre nos autorités administratives et coutumières jusqu’à toutes les prochaines élections.
– Mieux, nous envisageons de confier la destinée et le développement de notre cité à un fils ou à une fille qui vit nos réalités et qui ne nous abandonnera plus après toutes les prochaines élections.
– Que nous préférons ce fils ou cette fille qui unit, rassemble et retient la population dans l’amour et la vérité vraie.
– Etc…
QUE CEUX ET CELLES QUI ONT DES OREILLES ENTENDENT !
C’est un frère qui parle à ses frères et sœurs,
Cordialement, Fraternellement, Amicalement et Sincèrement.
QUE DIEU BENISSE ET PROTEGE DOROPO ! DITES « AMEN » ! »
Djané Ollo, Payeur à l’Ambassade de Côte d’Ivoire à New Delhi (Inde)
Merci a toute l’equipe INFO DU ZANZAN