La longue lutte des habitants des zones manganésifères de la région de Gontougo a-t-elle fini par payer ? Hypothèse vraisemblable. En effet, pour sa première réunion depuis sa création, le 25 juin 2013, le Comité de suivi et de développement communautaire (CSDC) a enregistré une « victoire ». 0,5% du chiffre d’affaires de Bondoukou Manganèse (version locale de l’entreprise minière Taurian) sera versé dans les caisses de cette structure. L’argent servira à réaliser des projets socio-économiques au profit des 14 villages touchés par l’extraction minière. L’information a été donnée, le mardi 13 mai, par le préfet. Selon Germain François Goun, les 0,5% réservés au CSDC est conforme à la loi.
Au sortir de la réunion qui s’est tenue à la résidence de l’administrateur, les visages exprimaient la joie. « Nous pensons que notre lutte a fini par payer. Nous sommes satisfaits de ce qui est prévu », a indiqué Kouamé N’Guettia, ingénieur agronome à la retraite. Même satisfaction chez Kra Michel, membre du CSDC au nom des populations de Similimi. « Ce comité est un espoir pour les populations que nous représentons. Aujourd’hui, le comité entre en activité. Je dis merci au gouvernement et au préfet ».
L’enthousiasme de dame Affoua Mouroufié a un goût quelque peu amer. Elle affirme n’avoir pas été indemnisée par Bondoukou Manganèse pour la destruction de ses parcelles cultivables. « J’ai perdu toutes les terres que mes parents m’ont laissées. Hormis cela, nous sommes en parfaite harmonie avec l’entreprise », a-t-elle souligné.
Le responsable administratif de Taurian a exprimé sa joie de voir les réunions du CSDC démarrer. Jean Elie Bitty s’est voulu rassurant quant à la contribution financière de sa société au développement des villages situés dans le périmètre d’exploitation. Il a appelé les populations à la patience.
L’Etat ivoirien gagne 2,5% du chiffre d’affaires de l’entreprise extractive. Trop tôt pour savoir si la promesse des 0,5% de quote-part du CSDC sera traduite en acte. Pour que voient le jour les projets qui seront identifiés.
Reste cependant un problème de taille : la délocalisation de Similimi. Ce village est sinistré du fait de l’extraction du manganèse. Des dizaines d’hectares d’anacarde ont été détruites. Les terres arables n’existent presque plus.