La nuit du Destin a été suivie par le kouroubi. Une danse populaire à connotation musulmane. Normalement, elle est dansée 3 jours avant la fin du Ramadan.
Le kouroubi ne draine plus du monde comme par le passé. Fini le temps où ça venait d’Abidjan pour suivre cette danse aux allures de carnaval. Dans certains quartiers de la métropole (Koumassi, Marcory,…), les ressortissants du Zanzan organisent leur propre Kouroubi. La volonté des autorités islamiques des villes du Nord-Est de l’interdire se heurte à la résistance de la gent féminine. Danse de réjouissance des jeunes filles prêtes pour le mariage ou dans l’attente d’un prétendant, le kouroubi est potentiellement dangereux. Il se danse en hauteur. A environ 3 mètres au-dessus du sol, sur des poutres.
À Bondoukou, les 2 quartiers où convergent la plupart des spectateurs sont Donzosso et Djiminisso. La fête commence vers 23 heures pour prendre fin le lendemain aux alentours de 14 heures. A l’occasion, les jeunes filles portent des habits d’apparat. Elles tiennent en mains, pour la plupart, des queues de chevaux qu’elles balancent dans des gestes synchronisés au son de divers instruments de musique joués par des hommes.
Origine du kouroubi
Personne ne dit avec certitude l’origine du kouroubi. Des personnes affirment qu’il avait lieu lors de la nuit du Destin. Le but étant de mettre en éveil les hommes pendant la lecture du Coran. L’habitude festive est restée depuis lors. Spécificité féminine donc !
Mais cette danse serait la survivance d’une tradition animiste réintroduite dans les festivités de l’islam. Elle est pratiquée par des vierges. Le kouroubi, occasion pour celles qui doivent se marier après le Ramadan de faire leur dernière sortie de célibataires en compagnie de leurs amies. Aussi, un moment de fierté pour les parents d’exhiber leur enfant qu’ils ont réussi à conduire “pure” au mariage.
Une danse culturelle
Avec le temps, le kouroubi est devenu patrimoine culturel du Zanzan. Seule grande zone du pays où il reste encore vivace. Les autres régions l’ont interdit au milieu de la décennie 1990-2000. La raison, il aurait un caractère peu religieux. Fête à connotation musulmane, même si les danseuses sont de toutes les tendances religieuses.
Être équilibriste – à la limite funambule – pour se trémousser sur un échafaudage de 3 m de hauteur. Si vous avez le vertige, abstenez-vous ! Le poids des filles dansant sur les poutres fait craindre des chutes. La tradition dit que si une jeune fille gravit l’échafaudage sans être vierge, tout le dispositif s’écroule. Mettant en danger ses amies. Les accidents, tout de même rares.
Le kouroubi, danse peu médiatisée aujourd’hui. Peu exploitée sur le plan touristique. À Bondoukou et Bouna, les avis convergent : interdire cette danse de réjouissance, c’est « amputer le Zanzan d’une part de ses richesses culturelles« .
OSSENE OUATTARA