L’igname, aliment de base des populations du Zanzan. Plus de la moitié des tubercules consommés en Côte d’Ivoire sont produits dans cette région du Nord-Est. Quoi de plus normal qu’à Bondoukou, des personnes fassent de la fabrication de mortiers un métier !
L’igname se consomme de différentes manières. Pour sa préparation en foutou, le mortier s’avère indispensable. Bouaré Drissa s’est spécialisé, depuis plus de 20 ans, dans la fabrication de l’ustensile. Une vingtaine de jeunes d’origine malienne, comme lui, apprennent à ses côtés.
Situés en contrebas du quartier Zanzan, à la lisière de la rivière « Wamo », en venant du côté de la « maison des Jeunes », les sculpteurs font chaque jour les mêmes mouvements : le va-et-vient uniforme des mains tenant de petites haches. Qui font entendre le même bruit depuis plus de 20 ans. Chacun des artisans travaille son morceau de bois. Pas le temps de répondre aux questions des curieux. Quand l’un d’eux accepte de parler, c’est pour renvoyer à Bouaré Drissa, le patron.
Les jeunes ivoiriens s’intéressent-ils au métier ? La réponse est sans équivoque: « aucun Ivoirien n’est venu me voir pour faire part de son intention de l’apprendre. La porte est grandement ouverte », rassure monsieur Bouaré. Et le bois, la matière première, comment le trouve-t-on ? « Avant c’était gratuit ! Aujourd’hui, on l’achète aux propriétaires », affirme le quinquagénaire. Ajoutant qu’il n’est pas embêté dans son travail par les agents des Eaux et Forêts.
Une renommée au-delà du Zanzan
Au bout des efforts, l’affluence des clients pour se procurer le produit fini : mortiers ou pilons, ou les 2 à la fois. Ils viennent de toute la région du Zanzan. Mais aussi de très loin: Abengourou, Abidjan,… . Les prix se négocient entre 3 000 et 10 000 f CFA.
Gagnent-ils bien leur vie ? Le patron se montre réticent comme pour ne pas susciter des convoitises et ouvrir la voie à la concurrence. Puis, répond laconiquement: « c’est un peu un peu ! ».
Un métier passionnant mais harassant ! Pas de matériel d’automatisation: le travail s’exécutant manuellement. En outre, transporter le bois de la brousse jusqu’à la ville est cher. Tel l’argent entre, tel il repart dans les frais de location de tronçonneuses et véhicules. En dépit de tout, être sculpteur de mortiers semble nourrir son homme.
OSSÈNE OUATTARA