Il n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Dans ce long entretien, Boua Koffi Étienne, l’inamovible président des jeunes, revient sur les heures chaudes des Municipales. Bataille électorale ayant mis aux prises le député Yoboua Cévérin avec Adingra Victor, son ancien directeur de campagne aux Législatives. Boua Koffi Étienne ne regrette pas d’avoir publiquement pris position en faveur de l’actuel député-maire. Pour cause ? Interview.
Président, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Merci pour l’intérêt que vous m’accordez. Je suis Boua Koffi Etienne, président des jeunes d’Assuéfry. Je suis marié et père de famille. Que dire de plus ? (Rires).
Comment êtes-vous arrivé à la tête de la jeunesse d’Assuéfry ?
Avant, chaque quartier d’Assuéfry avait un président élu. Au fil du temps, les jeunes ont constaté qu’il y avait des problèmes d’ordre général. Mais comment gérer ces problèmes et qui va les gérer, étant donné chacun des présidents avait un pouvoir circonscrit à son quartier ? Les présidents se sont donc réunis pour désigner un seul qui parlera au nom de toute la jeunesse. Le choix s’est porté sur moi.
Êtiez-vous président de quartier ?
Non, je n’étais pas président d’un quartier. Raison pour laquelle j’étais surpris quand on m’a choisi comme premier responsable de la jeunesse.
Quelles sont les missions qui vous sont assignées ?
J’ai pour missions l’union et la fraternité entre tous les jeunes, œuvrer pour leur insertion socioprofessionnelle…
Comment travaillez-vous ? Comment votre bureau est-il constitué ?
Dans le bureau, nous avons un président et son adjoint, des secrétaires généraux et tous les postes standards que vous pouvez trouver dans toutes les associations et mutuelles. Mais il faut retenir ici que nos secrétaires généraux sont des présidents de quartiers.
Depuis combien de temps êtes-vous président et quelles actions avez-vous posées ?
Ça fait 8 ans que je suis président des jeunes et nous avons posé beaucoup d’actions.
Pourriez-vous citez-nous quelques-unes ?
Nous avons aidé beaucoup de jeunes à se prendre en charge. Nous avons contribué à asseoir des projets et nous luttons activement contre l’exode des jeunes vers les villes.
Monsieur le président, on vous voit toujours avec le député-maire Yoboua Cévérin. Dites-nous ce que faites concrètement avec lui ?
Effectivement, je suis toujours avec l’Honorable Yoboua Cévérin. Je ne saurais dire mon rôle dans son staff. Mais je l’aide à travailler pour le village. Me faisant confiance, le député m’envoie souvent en mission.
Dans ce rapprochement avec le député-maire, que gagne la jeunesse ?
Elle gagne beaucoup. Si vous nous voyez avec le député-maire, ce n’est pas pour rien. Nous travaillons pour la jeunesse. A preuve, nous avons permis que des associations de femmes et de jeunes hommes aient satisfaction auprès du député-maire. Entre autres, les dons de camions aux associations Abotêrê Yê, Nipa Hian Moua.
Président, quels sont vos rapports avec Adingra Victor ?
Monsieur Adingra et moi n’avons pas de problème. Nos rapports, comme toujours, sont bons.
Mais il s’est passé des choses lors des dernières élections municipales. Vous ne pouvez quand même pas dire que vos rapports avec Adingra Victor sont cordiaux ?
Comme je vous l’ai dit, nos rapports sont bons. Moi, je n’ai gardé dent contre personne. Les rares fois que nous nous voyons, nous échangeons fraternellement.
Il s’est raconté beaucoup de choses pendant ces élections. En tant que président des jeunes et collaborateur du député-maire, pouvez-vous nous donner votre version des faits ?
L’histoire est longue (rires). D’abord, il faut savoir que le député-maire Yoboua Cévérin n’a jamais voulu faire la politique. Il a toujours refusé notre demande de le voir à la tête de notre circonscription. C’est sur l’insistance des jeunes qu’il s’est décidé enfin en se portant candidat et adversaire de Kobenan Tah Thomas aux Législatives. Pour réussir le pari de la victoire, nous avions associé à la campagne des fortes têtes du village, dont Adingra Victor. Tout s’est bien passé. Mais pendant que nous étions en campagne, des personnes battaient aussi campagne dans la perspective des Municipales. Elles se positionnaient en vue des Municipales. A Kouassi Séranou, les sieurs Adingra et Diabagaté Moïse ont étalé leurs divergences sur la place publique. La guerre venait d’éclater entre eux à cause des Municipales. Yoboua Cévérin a alors appelé Adingra, Diabagaté et madame Bamba, tous fils d’Assuéfry, pour apaiser les esprits. Après sa victoire aux Législatives, Cévérin les a de nouveau réunis et leur a demandé de choisir entre eux le candidat pour aller en compétition contre Adjoumani de Kékréni. Madame Bamba a accepté le principe. Quant à Adingra et Diabagaté, ils ont refusé. Chacun voulant être candidat et chacun d’eux voulait le soutien du nouveau député. Que faire ?
Mais il se raconte que Yoboua Cévérin avait promis le même poste à chacune de ces personnes une fois élu…
Vous savez, les gens parlent beaucoup. Mais je vous dis que leurs divergences étaient telles qu’on n’arrivait à raisonner aucun des deux. Mais ils s’accordaient tous sur la personne de Yoboua Cévérin. Pour calmer les esprits et surtout pour que le village sorte gagnant, des autorités villageoises, après concertation, ont proposé au député de prendre aussi la mairie. Tout le monde a accepté sauf monsieur Adingra.
Monsieur Adingra a donc refusé la candidature unique pour affronter le député aux municipales. Vous, en tant que président de tous les jeunes, pourquoi avoir pris position pour un camp ?
Nous avions pris position parce que nous savions que le candidat que nous soutenons ferait l’affaire de tous.
Mais en agissant ainsi, n’avez-vous pas déçu et frustré certains jeunes ?
Oui, il y a eu frustration mais pas de déception. Parce que nous avons opéré un bon choix qui fait le bonheur du village et de la région. La renommée du député va même au-delà de sa circonscription.
Que faites-vous pour convaincre ces jeunes, ces « soldats loyaux » à Adingra, de vous rejoindre ?
Nous laissons faire le temps. Avec le temps, beaucoup de ces jeunes ont compris que nous avions raison et nous ont rejoints.
Qu’avez-vous fait pour les approcher ? Leur aviez-vous tendu la main ?
Comme je le dis, il faut laisser le temps faire les choses. Ces « soldats loyaux », comme vous le dites, viendront un jour. L’âne qui n’a pas soif, quoique vous fassiez, ne boira pas. Donc, attendons ! Je suis sûr qu’avec les réalisations, les actes posés par le maire, ils nous rejoindront. La force d’un homme, c’est de reconnaître son erreur et de la corriger. Notre main reste tendue.
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