
Souleymane Ouattara (à gauche) désigné nouveau chef par le chef de terre. Et à droite, c’est Ouattara Bassoma. La majorité des habitants veut le voir comme chef de Tougbô
Mardi 31 mai dernier, au cours d’une réunion convoquée par le sous-préfet de la localité, les populations de Tougbô ont eu la désagréable surprise d’apprendre qu’elles ont un nouveau chef. En effet, depuis le décès le 19 mai 2019 du titulaire Madjoré Ouattara, c’est son adjoint Ouattara Amadou qui assurait l’intérim en attendant qu’un nouveau soit désigné d’un commun accord.
Alors que suivant les coutumes et traditions komono, c’est Ouattara Bassoma qui a été désigné par les doyens d’âge pour présider aux destinées du village, c’est la stupéfaction quand le chef de terre et le sous-préfet ont présenté quelqu’un d’autre. En l’occurrence Souleymane Ouattara (plus connu sous le nom Ouattara Drissa), un des membres de sa famille.
L’un des premiers a exprimé sa désapprobation est Siaka Ouattara, le responsable local du RHDP (le parti au pouvoir). Comme lui, ils sont nombreux à accuser le sous-préfet d’être derrière cette manière peu orthodoxe de régler le problème de la succession au défunt Madjoré Ouattara et de vouloir imposer son propre choix à Tougbô contre l’avis du doyen d’âge, garant de la tradition. Les habitants ont le sentiment de payer le prix de leur opposition à l’autorité sous-préfectorale.
Tout serait parti du projet d’un nouveau lotissement du village voulu par le sous-préfet pour, affirme-t-on, absorber le flux de réfugiés venus du Burkina Faso voisin et qui comptent élire domicile dans la localité d’accueil. Mais une grande partie de la population s’oppose, justifiant son refus par des raisons sécuritaires. Le risque d’attaque terroriste dans le village et ses environs reste élevé. En effet, selon plusieurs sources, la majorité des personnes qui souhaitent acquérir des lots viennent du pays voisin. Rien ne dit que parmi elles ne figurent pas des terroristes ou des informateurs à leur solde. Face à cette crainte, de nombreux habitants se sont opposés au projet de lotissement. Excepté le chef de terre Ouattara Djakina et sa suite. C’est dans cette ambiance qu’il lui a été demandé de choisir une personne pour succéder au défunt chef. Et son choix a été entériné par monsieur le sous-préfet.
Les populations, qui dénoncent un favoritisme, ne comptent pas rester passives face à la situation. D’ores et déjà, ils demandent à l’autorité sous-préfectorale de ne pas s’ingérer dans la gestion coutumière locale. Mais de s’aligner derrière les décisions du garant de la tradition. En l’occurrence le patriarche Ouattara Sara Adama, âgé de plus de 100 ans.
KAMAGATÉ ABOU