
Les protagonistes de la crise de l’eau de Soko, ici à la mairie à l’invitation du maire Koné Hiliassou
A Soko, dernière localité ivoirienne avant le Ghana, les femmes ont bruyamment manifesté leur colère, vendredi 3 juillet dernier. Elles s’en sont prises au bureau du comité de gestion du petit château d’eau – une HVA (hydraulique villageoise améliorée) – en saccageant tout le matériel informatique.
Ces femmes ont ainsi exprimé leur ras-le-bol face au manque d’eau dans le gros village connu surtout pour ses singes sacrés. En effet, depuis quelques temps, Soko connaît un problème d’approvisionnement en eau potable. Le château n’arrive plus à fournir le précieux liquide en quantité suffisante. Conséquence : les foyers ne sont plus approvisionnés.
L’origine du problème
Pendant que les populations manquent d’eau, la réalité est toute autre chez les techniciens chargés de l’entretien de l’HVA. A leurs domiciles, le liquide n’est jamais en rupture. L’eau coule en abondance dans leurs robinets sans discontinuer. Ils la revendent ensuite chère aux habitants en détresse : 450 francs CFA le m³ (mètre cube). Soit le double du prix de la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (SODECI) qui est de 230 francs CFA le m³.
Pour avoir toujours de l’eau chez eux, ces techniciens ont raccordé directement leurs tuyaux sur le refoulement. C’est-à-dire la canalisation qui achemine l’eau du forage au château. Ce « siphonnage » a eu pour conséquence la baisse de pression dans la canalisation, au détriment du reste de la population. En raison de son faible débit, l’eau n’arrive plus à monter jusqu’au château d’où le liquide est ensuite distribué aux habitants du village.
Dans leur mouvement de colère, les femmes ont détruit les robinets de ces techniciens peu scrupuleux. Pour faire baisser la tension, le maire Koné Hiliassou a réuni autour d’une table tous les protagonistes de la crise. Un diagnostic plus poussé au niveau du réseau de distribution d’eau à Soko (localité située dans la commune de Bondoukou) a mis en lumière des canalisations défectueuses. Selon le bureau régional de la SODECI, il faut 85 tuyaux pour reconstituer le réseau et acheminer l’eau du château vers les foyers. Le coût de ces équipements a été évalué à 1 million de francs CFA. Le premier magistrat de la commune ne s’est pas fait prier : Koné Hiliassou a mis la main à la poche en offrant les 85 tuyaux. Ce matériel, convoyé 3 jours plus tard à Soko, attend d’être mis en service.
OSSENE OUATTARA