PDCI dans l’âme, le président intérimaire du Conseil général de Bouna n’a pas envisagé aller en indépendant. Mais son parti ne lui a pas laissé le choix. Depuis que Palé Dimaté – le « Judas qui a trahi le PDCI » – a été adoubé, les « populations de Bouna demandent » à Tikoro Ouattara de se lancer dans la course aux Régionales. Pour, affirme-t-il, poursuivre l’œuvre de développement initiée depuis sa nomination à la tête de Bounkani.
En plus de Palé Ollo Sib du RDR, Dimaté aura donc en face de lui l’homme que le ministre de l’Intérieur a nommé à sa place, le 15 juillet 2011. D’aucuns disent que Tikoro Ouattara aurait dû s’abstenir de se présenter à l’élection en respectant la discipline de son parti. Mais la direction du PDCI n’incite pas elle-même à la discipline. De nombreux militants ont le sentiment qu’elle a plutôt fait la part belle aux « infidèles ». C’est-à-dire ceux qui ont retourné leurs vestes à la moindre secousse dans le parti.
Palé Dimaté en donne le « parfait » exemple. Peu avant la crise postélectorale de 2010, il a déposé sa valise au FPI. En récompense, Laurent Gbagbo l’a nommé Haute autorité de développement. À Bouna, des populations ont en mémoire ses tractations pour conduire les membres du Conseil général dans son aventure. Cette « trahison » n’a jamais été sanctionnée par les hautes instances du parti sexagénaire. Et la défiance a continué.
Fort de son statut de député sortant, Palé Dimaté s’est présenté en indépendant aux dernières Législatives. Son échec a été la preuve que les populations de Bouna ne le portent plus dans leurs cœurs. Quelle chance le PDCI a de gagner une élection d’envergure régionale avec quelqu’un qui a échoué aux Législatives ?
En désignant les « indisciplinés » pour porter ses couleurs, le parti vert a lui-même ouvert la voie à toutes sortes de possibilités. Car si les fautifs sont choyés, quel sens prend alors le mot « sanction » et quelle valeur porte-il ? Les dernières révélations de Tia Koné sur son « parjure » doit interpeler. Pourquoi un mea-culpa 13 ans après ?
Tikoro Ouattara a décidé d’aller en candidat indépendant. Une candidature qui sonne comme l’ « appel du devoir ». Avec une équipe polychrome (plusieurs couleurs), sa liste présente toutes les sensibilités politiques. « Je suis candidat indépendant aux couleurs du RHDP », plaisante-t-il. Cette volonté d’y associer « tout le monde » colle avec sa vision du développement inclusif. Sur ce point, le président du Conseil général fait passer le rayonnement économique et social de Bounkani avant toute autre considération. Clanique et ethnique, s’entend. Aux populations de la région d’en juger.
OSSÈNE OUATTARA