
Des parties de Kinkua, village de la sous-préfecture d’Appimadoum
Situé dans la sous-préfecture d’Appimadoum, dans le département de Bondoukou, Kinkua est à une trentaine de kilomètres de la capitale de la région de Gontougo. La population de la localité est estimée à 3.000 habitants, dont une grande partie en exode dans les forêts du sud du pays.
Kinkua est village carrefour. Il est ceinturé par Appimadoum (4 km), Kikiwéré (2 km), Kofiébango (4 km), Madoukpa (7 km), Doumassi (6 km), Kérébio-Késsé (8 km), Yomian (5 km) et Aboubango (4 km). Mais le village ne tire pas pleinement profit de sa position centrale. Les voies de desserte, quasi-inexistantes. Un frein à l’essor de la localité, contrairement à ses voisins qui s’en sortent. Plus au moins.
Une série de difficultés
Comme dans n’importe quel village ivoirien, Kinkua ne fait pas exception des rivalités entre cadres vivant en ville. Les problèmes d’ego ne permettent pas la mutualisation des énergies pour des projets communs de développement. Les cadres sont déconnectés des réalités sociales du village. Certains n’y vont qu’à l’occasion des décès.
Le village est aussi confronté à l’épineux problème de terre entre les familles : vente illicite de parcelles, appropriation d’héritage au détriment d’ayants droit, prolifération du phénomène « planter partager », occupation anarchique des terrains lotis. La pauvreté généralisée rend vulnérable la population.
Kinkua enregistre un fort taux d’analphabétisme. Les jeunes déscolarisés sont des « laissés-pour-compte ». Ce qui favorise leur exode vers les villes et le développement du phénomène « filles de ménage ». Rien ne constitue une source de motivation pouvant ôter aux jeunes l’envie de partir du village. Pas même l’électricité dont bénéficie la localité depuis déjà des années.
Le village souffre de la pénurie d’eau. Sa seule école primaire est en état de dégradation. Kinkua a l’aspect d’un village délaissé. Il est constamment envahi par des herbes. Humains et animaux domestiques se partagent les mêmes espaces. Des facteurs naturels aggravent la situation : assèchement des cours d’eau, appauvrissement des sols cultivables,…
Un président de Mutuelle qui rêve grand
Élu par acclamations au cours de l’Assemblée générale tenue à Kinkua pendant le week-end de Pâques, les ambitions du nouveau président de la Mutuelle de développement sont à la limite de la démesure. Mais Tano N’Guettia Parfait y croit fermement. « Nous nous proposons d’engager une politique de désenclavement du village en vue de faire de lui une plaque tournante des activités commerciales de l’Arrière-Zanzan », annonce-t-il.

N’Guettia Parfait, nouveau président de la Mutuelle de développement de Kinkua, a déroulé son programme
S’appropriant l’adage populaire « la route précède le développement », le nouveau président compte entamer son mandat par la remise à niveau des voies d’accès à Kinkua. Dans l’immédiat, il s’agit des axes partant du village à Kikiwéré, Appimadoum, Dadiassé, Kérébio. Et à long terme, la construction d’une route pour relier Gouméré et Doumassi, en passant par Kinkua.
Pour faire de la localité un intérêt touristique, la transformation de la forêt sacrée du village en réserve fait partie des projets de N’Guettia Parfait. Divers chantiers seront ouverts dans ce sens, promet-il. Entre autres, la construction d’une digue sous forme de barrage pour retenir une partie de l’eau du marigot. La réalisation de ce projet empêchera l’assèchement complet d’une partie de la rivière. Y seront introduites des espèces aquatiques. Un planting d’arbres fruitiers aux alentours du village en vue d’attirer les singes.
Au plan sportif, le président de la Mutuelle envisage l’organisation annuelle de tournois pluridisciplinaires. Les compétitions permettront de détecter les talents locaux. Pour réussir ce pari, des partenariats avec des fédérations sportives nationales et internationales seront signés. La réalisation d’un tel projet nécessite la mise en place d’infrastructures. Tano N’Guettia promet la construction d’un complexe sportif sur au moins 2 hectares. Il comprendra un terrain de football équipé de vestiaires et de lampadaires fonctionnant à l’énergie solaire, un court de tennis, un terrain d’handball, une piste cyclable, un terrain de volley-ball, une piscine.
Le secteur éducation n’est pas en reste. À court terme, l’école de Kinkua fera peau neuve par le ravalement de ses murs. L’édifice sera doté de latrines pour éviter aux écoliers la défécation à l’air libre. Il est prévue la construction d’une cantine moderne. À moyen terme, l’école sera clôturée et équipée d’outils informatiques.
Plusieurs autres grands projets sont annoncés dans le village. Comme la construction d’un foyer de jeunes de 2.000 places assises, l’extension du réseau électrique jusqu’au voisin Kikiwéré, construction d’un hôpital de référence.
Où trouver les moyens financiers pour concrétiser les promesses ? Selon Tano N’Guettia Parfait, les ressources proviendront d’abord des fils et filles de Kinkua. Chaque habitant de la localité mettra la main à la poche. On parle de cotisations. Les montants à payer sont fonction du statut social. Le reste des financements viendra de donations : ONG, Ambassades, Fondations, organismes de développement,…
KAMAGATÉ ABOU