Il a fait partie du comité qui a réfléchi sur la fixation des prix d’achat du kilogramme d’anacarde pour la campagne 2013. Pété Bini Yao, président de la Mutuelle technique agricole du Zanzan (MUTAZA) et membre fondateur de l’Entreprise coopérative pour le développement de l’agro-industrie du Zanzan (ECODAIZ), a décidé d’aller en guerre contre les acheteurs véreux. Interview.
Vous venez d’avoir une rencontre au niveau de l’intersyndicale de la noix de cajou. Peut-on dire que les problèmes ont été aplanis ?
Il y a une satisfaction, même si tous les problèmes ne sont pas encore résolus. Depuis 3 ans en effet, nous n’avons pas connu ce que nous connaissons aujourd’hui. L’Areca (Autorité de régulation du coton et de l’anacarde, NDLR) actuelle est complètement différente de celle que nous avons connue dans le passé. Aujourd’hui, nous avons un directeur exécutif qui est un homme de décision, de vision. Et cela marque psychologiquement les producteurs. Dans l’ensemble, les débats se sont bien déroulés. C’est un bon signe pour la politique agricole du président Ouattara.
Concrètement, qu’est-ce qui a été fait par l’Areca ?
Aujourd’hui, le prix minimum est acceptable, compte tenu de plusieurs facteurs touchant la qualité. Nous pensons que cela amènera chacun à être conscient et à produire la qualité et faire la promotion de la Côte d’Ivoire à travers la noix de cajou. Le fait même d’inviter les acteurs dans le débat de la fixation des prix est salutaire. Vous voyez déjà que les problèmes qui minent la filière et qui ont toujours entraîné le désordre sont en passe d’être résolus. J’estime que l’Areca doit être félicitée.
La plupart des paysans sont des illettrés. Croyez-vous que le message de sensibilisation sera bien perçu sur le terrain ?
Ce n’est pas aujourd’hui que je travaille avec les paysans. La Mutaza fait déjà un grand travail à Bondoukou. Nous, nous travaillons sur la porosité des frontières. Que ce soit la sensibilisation au niveau de la qualité ou de la vente groupée durant la campagne 2011-2012, les gens ont vu ce que nous avons fait sur le terrain. Nous sommes déjà habitués à la sensibilisation. L’Areca nous accompagne dans le Gontougo.
Vous faites partie du comité scientifique. Pensez-vous que les véritables problèmes des paysans ont été pris en compte ?
Il y a des problèmes que nous pouvons résoudre à notre niveau, en tant que comité scientifique. Beaucoup d’autres émanent des décisions du gouvernement. Avec la tutelle, nous allons trouver une solution à tous les problèmes. Cette année, vous verrez qu’au niveau de l’anacarde il y aura plus d’avancées en matière de réformes. Il suffit que l’Etat fasse un effort et vous verrez que nous les acteurs, nous travailleront sérieusement.
Avec ce prix minimum de 200 f CFA, croyez-vous que les producteurs seront satisfaits ?
L’an dernier, ça été un prix débattu. Mais des compréhensions ont pollué l’environnement des paysans. Cette année, les choses ont changé. Nous avons un prix minimum. Plus votre qualité est améliorée, plus vous avez l’opportunité de discuter avec les exportateurs pour avoir un meilleur prix. Tout le monde est d’accord sur ce point. Cela permet aux producteurs de faire la vente groupée. C’est-à-dire sensibiliser les acteurs à se regrouper en coopératives. C’est mon premier combat.
Dans vos résolutions, vous interdisez les exportateurs d’être sur le terrain. Avez-vous les moyens de satisfaire ces paysans qui ont besoin d’argent ?
Je vous ai déjà dit que nous attendons la volonté politique. Si cette volonté de l’Etat est manifeste, je crois qu’il n’y aura pas de problème. Depuis longtemps, nous menons le combat contre les exportateurs véreux. Ceux-ci nous narguent. Ça veut dire que c’est la politique qui leur donnait la force. Comme l’Etat vient de comprendre qu’ils nous ont conduits dans la gueule du lion et qu’il est temps de nous en libérer, il n’y a pas de raison que cela ne soit pas respecté. A notre niveau, nous avons une équipe à Bondoukou. Celle-ci est prête pour la sensibilisation et pour interdire les exportateurs d’acheter bord-champ. Nous espérons que cette décision les amènera à travailler avec les coopératives.
Propos recueillis par Benoît Kadjo