Les 3 grumiers chargés du bois de vène étaient sur le point de quitter les localités de Wawê, Zagala, et Tambi (dans la sous-préfecture de Sorobango). A Flatchièdougou et Doropo (plus au nord), des camions chargés de ce bois descendent chaque jour vers Abidjan. Illégale ? Pas du tout. Puisque les exploitants brandissent les “permis d’enlever” de l’administration forestière. Or dans le District du Zanzan (zone située au-dessus du 8ème parallèle), la coupe de bois est chose interdite. Les agents des Eaux et Forêts le savent mieux que quiconque.
« Nous devons prendre des dispositions, car le sahel est à nos portes. Le désert avance dans les zones de savane. La forêt ivoirienne est en voie de disparition. Les populations doivent comprendre que l’exploitation de bois est interdite au-dessus du 8ème parallèle. Il faut se conformer à cette disposition », avait récemment déclaré Mathieu Babaut Darret, ministre en charge des Eaux et Forêts. Une fermeté simplement verbale ? Ce qui se passe dans le Zanzan le laisse croire. Exploitation forestière à outrance. Pourtant dans cette partie du pays, « le bois de vène constitue 80% du couvert forestier. Si cette verdure relative disparaît, tout le nord sera exposé à la sécheresse et à la famine », prévient Atta Victor, président de l’ONG Vert Universel.
Cette structure de protection de l’environnement a du mal à expliquer l’attitude ambivalente du gouvernement. Qui laisse fouler aux pieds ses décisions. « Le président Alassane Ouattara a reconnu l’extrême pauvreté dans laquelle vit le District du Zanzan. En lieu et place d’investissements, on enlève le peu qui reste aux populations. On trait le lait d’une vache malade », s’indigne le président de Vert Universel. « Le hic, c’est qu’une fois le bois coupé et enlevé, aucun reboisement n’est fait », s’offusque-t-il. Tant pis, les exploitants continuent impunément leur travail. Sous l’œil médusé des élus locaux.
Rosemonde Desuza