Dans un contexte agricole mondial marqué par une baisse de productivité sous l’effet conjugué de l’appauvrissement des terres et des bouleversements environnementaux (dérèglement climatique), la Côte d’Ivoire ne veut pas perdre sa notoriété de puissance en agriculture en Afrique. Pour que ses sols demeurent toujours propices aux productions agricoles, le pays s’est doté en 2019, via le Conseil du coton et de l’anacarde (CCA), d’un laboratoire d’analyse spectrale des sols, des engrais et des végétaux. Il a pour objectif de fournir aux producteurs des informations sur les propriétés des sols (caractéristiques morphologiques, chimiques, type de culture qui doit y être pratiqué…) en vue d’une gestion raisonnée de la fertilisation pour une optimisation de la production agricole.
Plus de 3 ans après, quel a été l’apport concret de ce centre situé à Sinématiali, dans le Nord, chez les producteurs ? Un atelier s’est tenu mercredi dernier dans les locaux du Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (FIRCA), à Abidjan, pour partager les acquis du laboratoire, recueillir les besoins des filières agricoles autres que le coton et l’anacarde. Et surtout dégager les perspectives. Notamment, l’élaboration d’un plan d’actions pour une appropriation de l’analyse des sols afin de gérer durablement les terres.

Pour le patron des filières coton et anacarde, « le laboratoire se présente comme un instrument d’appui au développement dont la principale vocation consiste à analyser les sols et à prodiguer des recommandations aux producteurs en vue d’une gestion raisonnée de la fertilisation des sols »
Pas moins de 60 experts (ingénieurs agronomes, enseignants, chercheurs, pédologues) ont pris part à la rencontre. Leur présence a été saluée par Adama Coulibaly, le directeur général du CCA. Le patron du régulateur des filières coton et anacarde a rappelé que, pour le moment, « l’Intercoton, dans le cadre de son partenariat avec le FIRCA, a été le principal utilisateur des services du laboratoire » depuis sa mise en service. Près de 200 échantillons de sol sont analysés chaque jour. Et environ 22.000 par an, selon Ouffouet Fidèle du Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF), partenaire et gestionnaire technique du laboratoire. Ce partenariat s’inscrit dans le cadre du Projet de promotion de la compétitivité de la chaîne de valeurs de l’anacarde (PPCA).
Perspectives
À la fin de la rencontre, il a été recommandé, entre autres, la diffusion des coûts des analyses de sols par les laboratoires ; la mise en place d’une plateforme d’échanges entre chercheurs ; l’organisation de formations sur l’analyse spectrale des sols au profit des pédologues ; la mise en place de laboratoires d’analyse de sol par région ; l’élaboration d’une cartographie pédologique des zones de production avec les corrections à apporter selon les cultures au niveau national ; la mise en place d’un cadre administratif et technique pour l’analyse des engrais.
À noter que le laboratoire d’analyse des sols de Sinématiali n’est pas destiné aux seuls producteurs de coton et de noix de cajou. « C’est un laboratoire du Conseil du coton et de l’anacarde. Mais il est ouvert à tous, donc au service de toutes les filières agricoles », a souligné Adama Coulibaly.
OSSÈNE OUATTARA