La filière cajou ne pouvait pas mieux entamer l’année 2024, à quelques semaines du début de la campagne de commercialisation. Ses acteurs, avec le directeur général de l’organe de régulation à leur tête, se sont massivement mobilisés à Bondoukou, samedi 6 janvier, à l’occasion de la Journée de l’acheteur d’anacarde. Le choix porté sur la « ville aux mille mosquées » pour abriter cette 4e édition n’est pas le fruit du hasard. « Bondoukou a été le fer de lance de la production en quantité et en qualité depuis la mise en place par l’Etat d’un organe de gestion formelle de la filière anacarde. Avant, lorsqu’on parlait de la noix de cajou, il fallait d’abord évoquer Bondoukou avant de citer les autres localités productrices. C’est Bondoukou qui possède le secret de la qualité durant toute la campagne de commercialisation », a résumé Koné Djakaridja, président de la Fédération nationale des acheteurs et coopératives d’anacarde de Côte d’Ivoire (FENACACI).
Cette organisation, initiatrice de la Journée de l’acheteur, « veut que la majeure partie de ses achats de noix brutes soit transformée dans le pays. De sorte que chaque kilogramme transformé crée des emplois localement », a souligné le premier responsable de la FENACACI. C’est pourquoi, pour cette édition, le thème autour duquel se sont déroulées les festivités est « contribution de l’acheteur à la transformation et à la lutte contre la fuite de la noix de cajou en Côte d’Ivoire ».
L’exportation frauduleuse de la production de Bondoukou vers les pays voisins a en effet fait perdre à la ville sa place de 1re zone de production au niveau national. De 103.000 tonnes de noix comptabilisées en 2015, les statistiques ont drastiquement chuté les années d’après. En 2019, les chiffres enregistrés par le régulateur – le Conseil du coton et de l’anacarde (CCA) – ont à peine dépassé les 17.000 tonnes. En cause, la fuite des produits. « En 2023, le tonnage est remonté à 60.000 tonnes », selon Koné Djakaridja. Cela, grâce aux mesures de lutte prises le CCA. Pour le président de la FENACACI, cette dynamique positive doit se poursuivre. « Si nous voulons de meilleurs prix d’achat en Côte d’Ivoire, nous devons faire en sorte que la production de Bondoukou, réputée pour sa grande qualité, reste et soit transformée ici. La production de Bondoukou doit être protégée, conservée, réservée et livrée à nos unités locales de transformation », a-t-il martelé.
Le directeur général du CCA a emboîté le pas au responsable de la FENACACI. Non sans montrer son agacement face aux agissements inciviques incessants de certains acteurs locaux. Pour Adama Coulibaly, la zone agro-industrielle dédiée à la transformation de l’anacarde déjà construite à Bondoukou dans le cadre du Projet de promotion de la compétitivité de la chaîne de valeurs de l’anacarde (PPCA) a aussi valeur de test. « Pour le moment, nous avons aménagé seulement 15 hectares sur les 26 prévus. Nous voulons voir si Bondoukou veut vraiment cette plateforme industrielle. Nous l’agrandiront à la demande des acteurs. Si la ville est d’accord pour que ses produits restent en Côte d’Ivoire et soient transformés sur place ici, les opérateurs viendront s’y installer. Mais s’ils s’installent et que vous continuez d’envoyez les produits chez le voisin, de manière qu’ils aient des difficultés à s’approvisionner en matière première au point de les obliger à aller en chercher aussi loin que Katiola, Dabakala ou à Mankono, la zone industrielle n’évoluera pas et restera au même niveau. Ce n’est pas notre souhait pour Bondoukou », a affirmé le directeur général. Cette plateforme agro-industrielle sera inaugurée les prochains jours, a-t-il annoncé. Dans l’attente, il s’est voulu pédagogue. « Mon seul message, c’est celui que j’ai plusieurs fois diffusé ici, devant les acteurs : notre production est notre richesse. L’anacarde de Bondoukou, c’est l’argent de Bondoukou », a admis Adama Coulibaly.
La Journée de l’acheteur d’anacarde 2023, ouverte par le ministre de l’Agriculture, s’est achevée sur 2 notes de gaieté. Un match de foot a mis aux prises l’équipe des agents du CCA et celle des transformateurs. Les seconds ont battu les premiers 1 but à 0. Dans la soirée, des Prix ont été décernés aux meilleurs acheteurs des 19 régions productrices du pays. La coopérative CASPS de la région du Béré a enlevé le super Prix.
OSSÈNE OUATTARA