Profitant de la 5ème édition du festival des danses du Zanzan, le ministre de la Culture, accompagné d’une nuée de journalistes, a visité des bâtiments historiques de la ville. Au nombre desquels la maison de Samory et celle du gouverneur Binger. Le ministre Maurice Bandaman a marqué sa surprise face à l’état de décrépitude des 2 bâtisses. Le devrait-il ? En 2010, nous avons tiré la sonnette d’alarme. Ci-dessous notre texte.
La maison dite de “Samory Touré”
Elle est construite vers le milieu des années 1800. Une maison sujette à polémique, car l’unanimité n’est pas faite sur son appartenance à Samory Touré, le célèbre conquérant venu de Guinée. Pour certains, Samory n’a pas mis les pieds dans la ville. C’est donc à tort qu’on lui attribue la paternité de la bâtisse. Celle-ci appartiendrait à Aboubacar Touré. N’empêche que l’imagerie populaire s’est accommodée de l’appellation “maison de Samory”. Situé au centre-ville, au quartier Malagasso, le bâtiment est l’un des vestiges qui rappellent le passé islamique de Bondoukou.
La maison est rattrapée par l’usure du temps. Au point de présenter une image de fin de vie. Si elle disparaît, un pan important de la mémoire historique de la ville tombera dans l’oubli.
La résidence du gouverneur Louis-Gustave Binger
Autre lieu, même décor de ruine. Mais ici au quartier Donzosso, le doute n’est pas permis : c’est à tort qu’on dit “maison de Binger”. Elle appartient en réalité à un certain Sitafa (déformation du nom Moustapha ?), dont la centenaire Hadja Ouattara est la petite-fille. Le bâtiment avait simplement été prêté à l’explorateur français, qui l’a habité pendant 3 mois. Ce seul fait a valu le nom de “maison de Binger”. Elle n’a plus de toit. La vieille Hadja Ouattara chauffait au feu de charbon de bois l’épais mur de terre. C’était sa technique pour éviter que l’eau de pluie le ronge. « Sans ce sacrifice régulier, la maison de mon grand-père aurait disparu. Mon inquiétude, c’est quand je ne serai plus là ! », nous confiait-elle en septembre 2010.
Les promesses de rénovation faites par Anzoumanan Moutayé, alors ministre de la Culture, n’ont pas été tenues. Ici encore, un pan du passé colonial de la Côte d’Ivoire est en train de disparaître.
Ossène Ouattara