Le vendredi 22 novembre, le professeur Amoa Urbain, recteur de l’université Charles-Louis de Montesquieu à Abidjan, a animé une conférence. Avec pour thème « Alliances interethniques et parentés à plaisanterie : quelle contribution pour la paix en Côte d’Ivoire ? », la conférence a été une initiative du groupe Bentô.
Rois et chefs coutumiers du District du Zanzan (régions du Bounkani et Gontougo) ont pris d’assaut le foyer polyvalent de la mairie. Cette présence massive n’a pas semblé impressionner le professeur de Lettres. Qui, prenant la parole, a commencé par une question piège. « La rivière traverse le sentier. Le sentier traverse la rivière. Qui des 2 est le plus âgé ? », a-t-il interrogé. Et de poursuivre : « pour débuter cette cérémonie, des chefs religieux ont invoqué leurs dieux. Mais nulle part, les Abron ont invoqué le leur. Ont-ils abandonné les nombreuses richesses léguées par leurs ancêtres au profit d’autres venues d’ailleurs ? La rivière traverse le sentier. Le sentier traverse la rivière. Qui des 2 est le plus âgé ? ». Amoa Urbain a marqué sa désapprobation de l’omission de la libation abron. Originaire de l’Indénié-Djuablin, le professeur a usé des alliances séculaires entre Agni et Abron pour asséner ses vérités. « Cette cérémonie ne peut se dérouler sans la libation », a-t-il tranché. Il n’en fallait pas plus pour fâcher des têtes couronnées. Les observations du conférencier ont fait suspendre la séance pendant de longues minutes.
Le calme revenu, le recteur de l’université Charles-Louis de Montesquieu a repris sa conférence. Son intervention a été un véritable cours d’histoire. Il a retracé le parcours migratoire de plusieurs peuples du pays. Des déplacements multiples qui, selon lui, ont conduit des peuples à sceller des alliances avec d’autres peuples. « Ces alliances de plusieurs ordres n’ont pas le même degré », a précisé l’universitaire. Amoa Urbain a conclu que les alliances interethniques et les parentés à plaisanterie constituent un puissant moyen de réconciliation.
La cérémonie s’est achevée dans la soirée au complexe le Bentô, où le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny, a apporté sa contribution.
SAMUEL DUMAS