Au terme du match d’ouverture du tournoi de football dont il a été le parrain, le préfet de Bouna est revenu sur la crise militaro-politique qui a secoué la Côte d’Ivoire, de 2002 à 2011. « C’est dommage que notre pays ait connu une si longue crise », a déploré Tuo Fozié, dimanche dernier. Pour ce militaire, une des figures de la rébellion de 2002, « le moment est venu pour chacun de se mettre en cause et assumer ses responsabilités ». A commencer d’abord par lui. « Moi Tuo Fozié, je ne me gêne pas de le dire : beaucoup de choses ont été dites. Aujourd’hui, je suis devant vous. Vous avez l’occasion de me poser toutes les questions me concernant. Je ne déroberai jamais ».
Revenant sur un incident qui l’avait empêché de recevoir Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), le préfet de la région du Bounkani a exprimé son remords. « Je souhaite revoir à Bouna la CDVR. J’ai été empêché de recevoir son président lorsque ce dernier avait décidé de se rendre à Bouna. De Bondoukou, je lance un appel au président Banny. Je lui demande pardon. Qu’il revienne à Bouna ! ». En tant qu’un des acteurs clés de la crise, Tuo Fozié a dit être prêt pour « témoigner et assumer » sa part de responsabilité. « Condamnez-nous si vous voulez ! Pardonnez-nous si vous voulez ! Pourvu que la Côte d’Ivoire retrouve la paix ». Et d’exprimer son refus de « se cacher derrière un masque ». En effet, selon lui, « la majorité des Ivoiriens ignore la réalité sur la crise ». Pour lever tout équivoque, l’ancien membre du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) – mouvement rebelle – préconise un face-à-face à la télévision entre tous les acteurs. Pour que « les responsabilités soient situées, avant de condamner ou pardonner. Au nom de la réconciliation nationale et de la paix ».
Samuel Dumas