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vendredi 4 octobre 2024
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BONDOUKOU : Le directeur régional de la Construction au cœur d’un scandale foncier

Le sieur Bori Gbégré Raphael, directeur régional de la Construction

Bori Gbégré Raphael, directeur régional de la Construction, sortant du Tribunal

La commune de Bondoukou, à l’instar de la ville d’Abidjan, est touchée par les arnaques et autres malversations dans la vente de terrains. Chaque jour, des personnes grugées dans l’achat de lots portent plainte, soit à la mairie, soit à la préfecture ou au Tribunal. Pour cause, les mêmes parcelles de terrains d’un même îlot sont attribuées à la fois à 2, voire 3 personnes. Situation qui alimente d’interminables disputes dans tous les quartiers.

Selon la préfecture, les règlements de litiges résultant de l’attribution de lots occupe 80 % des audiences du préfet de région. Le problème n’aurait pas fait grand bruit si la personne au cœur du scandale n’était pas le premier responsable du ministère de la Construction, dans la région. Les victimes d’arnaque ont désigné le même individu : Bori Gbégré Raphael, directeur régional de la Construction et de l’urbanisme. « Il y a 6 mois, j’ai acquis un terrain au quartier « Route Abema ». Grande fut ma surprise quand une dame y a déversé du sable en vue de la construction de sa maison. Elle m’a brandi une lettre d’attribution du lot signé de la main du sieur Bori Gbégré Raphael. J’avais le même document », relève Ouattara Yacouba, furieux. Même colère chez dame Assétou Gbané. Alors que le délai de prescription de mise en valeur n’a pas expiré, la parcelle qu’elle a acquise au quartier « Lycée résidentiel », après d’énormes sacrifices, lui a été retirée. « On n’est plus à l’abri des arnaques du directeur régional de la Construction. Même en détenant une lettre d’attribution signée par le préfet », se plaint-elle. Kabran Kouman Faustin, détenteur du lot  n°3511, îlot 339, lui aussi victime de Bori Gbégré. Le terrain lui a été arraché.

Les nombreuses plaintes des populations ont sapé les rapports entre le maire et le directeur régional de la Construction. Koné Hiliassou n’est pas allé du dos de la cuillère. « Qu’il aille semer le désordre ailleurs ! Je ne permettrai pas dans ma cité pareil désordre », a lâché le maire à l’endroit du sieur Gbégré.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase

Le morcellement de terrain et l’attribution de lots par le directeur a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Bori Gbégré Raphael ne s’est pas arrêté là. Il a procédé au prolongement de l’îlot n°187 du quartier « Lycée résidentiel », près du collège Dua Kobenan. Le premier magistrat de la ville n’a pas été informé. Exacerbé par les agissements répétés et peu recommandables de Bori Gbégré, un des adjoints au maire, Ouattara Bourahima, a fini par saisir le Parquet. C’est un homme amer qui parle : « Le directeur met l’équipe municipale dans une situation embarrassante. Les administrés sont de plus en plus furieux. Dans les quartiers, les tensions sont vives à cause des désagréments créés par Bori Gbégré Raphael. Ce dernier a tout vendu. La ville ne dispose plus d’espaces devant servir d’airs de jeu, d’écoles et de dispensaires. Les réserves d’espaces verts ont été bradées. Bori Gbégré Raphael se permet de morceler un îlot entier sans informer la mairie. C’est inacceptable ! ».

La réponse du directeur régional de la Construction

Le représentant du ministère de la Construction a refusé de se prononcer sur les faits qui lui sont reprochés. Réclamant, au préalable, l’autorisation du préfet. Mais selon Traoré Djouhatiéné, Substitut du procureur de la République résident, « le directeur régional de la Construction a affirmé avoir loti et attribué le prolongement de l’îlot n°187 pour recaser les déguerpis du site abritant les logements sociaux ». Des allégations rejetées par l’adjoint au maire Ouattara Bourahima. « Les 70 personnes déguerpies ont été toutes recasées sur un site, côté route de Sorobango. D’ailleurs, il ne revient pas au directeur de s’en occuper ».

Le préfet, complice ?

Devant le Parquet, Bori Gbégré Raphael a déclaré avoir agi sur instruction du préfet de région. Interrogé, ce dernier a déclaré : « je ne me souviens pas avoir donné de telles instructions au directeur de la Construction. Sur la base de la confiance, je parachève des documents qu’il me présente. Mais sur ce sujet précis, je n’ai donné aucune instruction ». Et Goun François Germain d’ajouter : « le chef a le dos large. Il me revient souvent que des personnes se servent de mon nom pour se sortir d’affaire. C’est le cas de Bori Gbégré Raphael, qui a prétendu avoir reçu de moi des instructions ». La confusion reste entière. La suite des propos du préfet, qui sonnent comme un regret, en témoigne : « les plaintes qui fusent de partout effacent tous les efforts joués par le directeur régional de la Construction pour le développement fulgurant de la ville ». L’administrateur a utilisé la métaphore du lézard qui efface dans sa marche les jolies empreintes de sa queue.

Mais le désordre dans le domaine du foncier ne date pas d’hier. Cette situation a amené le préfet de région, il y a quelques temps, à suspendre la signature des lettres d’attribution de lots.

Le préjudice des ventes frauduleuses de terrains se chiffre à plusieurs dizaines de millions de francs. Le mal est fait. Reste à atténuer ses effets. Dans cette optique, Goun François Germain a initié une rencontre avec les protagonistes de l’affaire. En vue de trouver une solution définitive. De son côté, le Parquet poursuit ses enquêtes. Pour situer toutes les responsabilités.

Des relevés topographiques différents

Voici le relevé topographique de la mairie

Voici le relevé topographique de la mairie. Un lotissement bien aéré

Voici le lotissement fait par le directeur de la Construction. Il a affecté 2 numéros au même îlot, et changé le n°du lot 1543

Voici le lotissement touffu fait par le directeur de la Construction. Il a affecté les numéros 187 et 339 au même îlot, et changé le numéro du lot 1543

Lettre d'attribution signée      par le préfet. On y voit 2 numéros différents du même lot

Lettre d’attribution signée par le préfet. On y voit 2 numéros différents du même lot

SAMUEL DUMAS




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