Kouakou Kissi Fulgence, alias Nanan Kissi. Son album est sur le marché depuis septembre dernier. Le premier artiste-chanteur local à cœur ouvert. Entretien.
Comment vous est venue la passion de la musique ?
J’aime la musique depuis toujours. Et pour faire de la musique, il faut avoir de belles compositions pour que le public apprécie. J’ai décidé de faire de la musique pour faire la promotion du peuple brong. Assuéfry est un village artistique : nous avons un avenir prometteur. L’exemple du groupe culturel Obi Dom Bié est une fierté. C’est un groupe qui honore le peuple brong. Je viens apporter ma modeste contribution pour encore faire parler de nous. Moi, je fais de la musique moderne. Il faut sortir de notre cercle habituel pour démontrer notre talent.
Nanan Kissi, vous avez parlé de la musique tradi-moderne. Musique à laquelle sont habitués les parents. Ne pensez-vous pas qu’en faisant de la musique moderne, vous risquez de déplaire ?
Les mélomanes apprécient beaucoup ce que je fais. Je reçois des encouragements des parents. Cela me donne la force de continuer. Souvent, on dit que mon talent est trop grand pour le village et que je dois partir dans les grandes villes.
Dans quel genre musical inscrivez-vous vos chansons ?
Je suis un artiste polyvalent. Même si j’apprécie beaucoup le reggae, je touche à tout. Je fais du « high life », du gospel, du tradi-moderne, du zoblazo, du slow et du reggae.
Quels sont les thèmes abordés ?
Je chante Dieu, l’amour, la vérité et surtout les femmes. Je défends beaucoup nos mamans dans mes compostions parce que nos mamans souffrent dans les foyers. Je leur apporte un peu de réconfort. Et je demande en même temps à nos papas d’aimer nos mamans et de prendre soin d’elles, car elles représentent la vie.
Combien de chansons avez-vous composé ?
Mon album a 8 titres. Mais mes compositions avoisinent 300 chansons.
Énorme !
Oui, plus de 200 compositions en langue brong. En français et en koulango, elles sont une cinquantaine. C’est un travail de longue haleine. Dans l’attente d’un producteur, j’écris mes textes.
Avez-vous du soutien pour la promotion de votre album ?
J’ai eu beaucoup de promesses et quelques soutiens. Mais beaucoup reste à faire. J’attends que les promesses se traduisent en actes. Mais le député Yoboua Cévérin me soutient. Il a promis m’aider et je sais que c’est un homme qui tient ses promesses. Je suis confiant.
Travaillez-vous avec une équipe ?
Pas vraiment ! Certains jeunes d’Assuéfry se sont proposé de monter une équipe pour qu’on bosse ensemble. C’est une équipe qui se chargera de me trouver des contrats et faire ma promotion.
Un réel problème ça ! Sans une équipe, on ne vous voit pas assez. Comment on vous contacte alors ?
C’est vrai. Quand on a besoin de moi, on me contacte directement. Mais là aussi, y a problème : après les prestations, les mélomanes me demandent des CD. Je n’en ai pas, malheureusement. Le manque d’équipe managériale est un réel blocage. Je profite de l’occasion que vous m’offrez pour demander aux âmes généreuses de m’aider à avoir un producteur et un manager.
Au cours de funérailles et réjouissances, on voit plus des chanteurs venir du Ghana. Avez-vous l’impression d’être vraiment aimé comme vous le dites ?
La Sainte Bible dit que nul n’est prophète chez soi. Ce que les parents font pour moi est suffisant. Ici, on aime les funérailles et il faut dire que Nanan Kissi n’a pas de chansons qui parlent de ces choses. Raison pour laquelle les parents font appel aux Ghanéens qui sont champions en la matière. Peut-être que je dois me mettre moi aussi à écrire des chansons funéraires.
Êtes-vous en contact avec les artistes-chanteurs de renommée régionale, tels que Diguida, Awa Kouman, Sié Charles, … ?
Oui, je les connais tous. Certains ont même proposé que j’intègre leur groupe ou leur orchestre. Ils ont une association que je pourrais intégrer. Mais je veux être la locomotive qui va tirer mes frères d’Assuéfry vers ce succès musical, vers le haut.
Nanan Kissi vit-il de sa musique ?
Difficile de répondre.
Que faites-vous en dehors de la musique ?
Je suis agriculteur.
Croyez-vous que vous arriverez à faire carrière dans la musique si vous êtes constamment au campement ?
Si je suis au campement, c’est à cause de l’aide qui tarde à venir. Il faut bien que je prenne soin de ma famille. Ce n’est pas de gaieté de cœur que je suis au campement.
Vous avez dit que le député vous a beaucoup aidé. Quel genre d’aide vous a-t-il apporté ?
Je vous le répète : l’Honorable Yoboua Cévérin est un homme de parole et de confiance. Quand il dit, il le fait. Seulement, il faut savoir être patient avec lui. Donc j’attends.
Qui sont vos idoles ?
J’ai 2 idoles : Alpha Blondy et Meiway.
Des projets ?
Oui, avoir une belle carrière, faire la promotion de la musique brong, aider les jeunes frères qui voudraient faire de la musique comme nous. J’ambitionne de devenir acteur de cinéma. Mais actuellement, nous sommes dans le « style mendiant ». Mon souhait, c’est de sortir de cette galère.
Propos recueillis à Assuéfry par APPIA HERVE